En Afrique de l’Ouest, la culture du coton subit une pression croissante due à la diversification des cultures concurrentes. Depuis quelques années, les agriculteurs se tournent de plus en plus vers des cultures alternatives comme le soja, l’anacarde et l’arachide, au détriment du coton, ce qui pourrait avoir un impact significatif sur cette filière traditionnelle.
Le Togo, tout comme le Bénin, est particulièrement touché par ce phénomène. Selon l’Association des producteurs de coton africains (AProCA), ces deux pays voient leurs producteurs délaissant progressivement les champs de coton pour se consacrer au soja, une tendance observée depuis deux à trois ans. Ce changement est motivé par plusieurs facteurs, notamment la rentabilité plus élevée et les moindres contraintes de la culture du soja.
Au Sénégal, c’est l’arachide qui attire les producteurs de coton. Ce choix est renforcé par le fait que les fanes de l’arachide, en plus des gousses, représentent une source de revenu complémentaire non négligeable. En Côte d’Ivoire, l’anacarde et le maïs sont les principales cultures qui rivalisent avec le coton, avec des agriculteurs plantant souvent des arbres sur les champs de coton pour profiter des engrais, jusqu’à ce que ces arbres finissent par dominer la culture cotonnière.
Selon N’Diamoi Kodjane, ingénieur des techniques agricoles et expert en coton, la culture du coton devient de plus en plus difficile pour les producteurs vieillissants. Les défis comprennent non seulement la pénibilité accrue de cette culture, mais aussi la faible rentabilité due à la hausse des prix des intrants et aux attaques de ravageurs comme les jassides, qui ont contribué à la baisse des rendements dans plusieurs pays de la région.
Face à ces défis, la superficie consacrée à la culture du coton stagne ou diminue dans certains pays d’Afrique de l’Ouest. En Côte d’Ivoire, par exemple, les surfaces cultivées sont passées de 475 684 hectares à 392 696 hectares en deux ans. Au Sénégal, les chiffres sont également en baisse, passant de 18 572 hectares à 15 453 hectares.
Malgré cette tendance, certains pays comme le Togo et le Sénégal tentent de soutenir la culture du coton en augmentant le prix d’achat au kilo, dans l’espoir de rendre cette culture plus attractive pour les producteurs. Cependant, au Mali et au Burkina Faso, deux des principaux producteurs de coton du continent, la culture reste pour l’instant intacte, avec le soja n’ayant pas encore empiété sur les surfaces dédiées au coton, selon Youssouf Djimé Sidibe, secrétaire permanent de l’AProCA.
Ainsi, bien que le coton demeure une culture clé en Afrique de l’Ouest, il est clair que les cultures concurrentes gagnent du terrain, posant des défis majeurs pour l’avenir de cette filière, y compris au Togo.
La Rédaction