Une unité militaire opérant dans l’ombre
Depuis Kampala jusqu’aux installations stratégiques du pays, le Commandement des forces spéciales (SFC) déploie ses hommes armés et parfois cagoulés. Cette force d’élite est de plus en plus perçue comme un outil destiné à assurer la pérennité du pouvoir du président Yoweri Museveni, 81 ans, et à renforcer l’influence de sa famille.
Museveni, un pouvoir ancré depuis 1986
Museveni est au pouvoir depuis 1986, après avoir mené ses forces rebelles à Kampala. Depuis, il a remporté plusieurs élections controversées, souvent marquées par des accusations de fraudes et de violences. L’Ouganda n’a, depuis son indépendance en 1962, connu que des changements de pouvoir par coups d’État ou rébellions, et non par transitions démocratiques pacifiques.
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Le rôle controversé du SFC
Dirigé pendant des années par le fils du président, le général Muhoozi Kainerugaba, le SFC est accusé par ses détracteurs d’enlèvements, de tortures et d’assassinats ciblés, non seulement pendant les élections mais tout au long de l’année. Bien que l’unité nie ces accusations, plusieurs incidents ont été documentés, soulignant sa réputation d’opérer en toute impunité.
Avec plus de 10 000 hommes, le SFC rivalise aujourd’hui avec l’armée régulière, forte d’environ 40 000 soldats. Ses missions officielles incluent la protection d’infrastructures critiques telles que l’aéroport international et les champs pétroliers, ainsi que des interventions spécialisées « à tout moment ». Certains analystes estiment cependant que sa fonction principale reste de garantir la survie du régime, en neutralisant l’opposition et en consolidant la loyauté des généraux.
La dynastie Museveni et le contrôle militaire
Le général Kainerugaba, qui ambitionne de succéder à son père, a enrôlé son propre fils dans l’armée et conserve une influence directe sur le SFC malgré sa promotion comme chef d’état-major des armées. Cette concentration du pouvoir au sein de la famille Museveni, incluant l’épouse du président, ministre de l’Éducation, alimente les inquiétudes sur la perpétuation d’une dynastie politique.
La composition du SFC semble refléter des critères ethniques, favorisant le groupe Banyankore du président, selon plusieurs sources. Ce favoritisme suscite un mécontentement latent parmi d’autres factions militaires, ce qui pourrait provoquer des tensions internes après le départ de Museveni.
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La reconnaissance officielle et les critiques
En 2025, le Parlement a reconnu le SFC comme l’un des quatre services militaires officiels. Pour le Dr Gerald Bareebe, universitaire ougandais, cette décision formalise simplement un rôle déjà central dans la structure militaire et politique du pays. Certains analystes craignent que l’absence d’un plan de succession clair n’entraîne une instabilité et des affrontements internes.
L’opposition face au SFC
Bobi Wine, figure de l’opposition et ancien chanteur, décrit le SFC comme une « force de répression » et réclame sa dissolution, accusant l’unité de protéger le régime par la brutalité et de cibler systématiquement les adversaires politiques. L’unité, quant à elle, continue de nier ces accusations.
La Rédaction

