À moins de deux semaines des élections générales prévues le 29 octobre, la Tanzanie traverse une période de fortes tensions politiques. Dans un rapport alarmant publié lundi, Amnesty International décrit une montée préoccupante des violences et des atteintes aux libertés fondamentales orchestrées, selon elle, par les autorités du pays.
Intitulé « Sans opposition, sans contrôle, injuste : L’inquiétude sous-jacente au scrutin tanzanien de 2025 », le document révèle une série de violations graves des droits humains, allant des agressions physiques aux disparitions forcées, en passant par les arrestations arbitraires et les exécutions extrajudiciaires. Ces pratiques viseraient principalement les opposants politiques, les journalistes et les acteurs de la société civile.
Des figures de l’opposition réduites au silence
Le parti au pouvoir, le Chama Cha Mapinduzi (CCM), apparaît plus dominant que jamais. Plusieurs candidats d’opposition ont été exclus de la course, notamment Luhaga Mpina, écarté pour la deuxième fois, et Tundu Lissu, figure du parti Chadema, actuellement poursuivi pour trahison.
Pour Amnesty, ces mesures traduisent une stratégie délibérée d’étouffement du pluralisme politique, remettant en cause la crédibilité du scrutin à venir.
Témoignages et preuves accablantes
L’organisation affirme avoir recueilli les témoignages de 43 victimes, familles, avocats et membres d’ONG, confirmés par des sources indépendantes. Le rapport mentionne plusieurs cas tragiques :
• Ali Mohammed Kibao, stratège du Chadema, retrouvé mort le 7 septembre 2024 après avoir été enlevé à Dar es Salaam ;
• Dioniz Kipanya, disparu depuis le 26 juillet 2024 ;
• ainsi que Deusdedith Soka, Jacob Mlay et Frank Mbise, dont les enlèvements restent inexpliqués depuis plus d’un an.
Amnesty interpelle le gouvernement
Amnesty International appelle la présidente Samia Suluhu Hassan à mettre fin à cette « campagne de répression » et à restaurer un climat politique apaisé. L’ONG exige également l’ouverture d’enquêtes impartiales et la libération de toutes les personnes détenues pour des raisons politiques.
Malgré plusieurs sollicitations, le gouvernement tanzanien n’a pas répondu aux demandes de commentaires d’Amnesty.
Cette situation ternit l’image d’un pays longtemps perçu comme un modèle de stabilité en Afrique de l’Est et fait planer de sérieux doutes sur la transparence du scrutin du 29 octobre.
La Rédaction

