Ce vendredi 16 août 2024, les députés sénégalais ont voté la modification du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, ouvrant ainsi la voie à la présentation de la politique générale par le chef du gouvernement, Ousmane Sonko. Cependant, cette réforme survient dans un climat d’incertitude, l’institution étant menacée d’une possible dissolution.
Le poste de Premier ministre a été supprimé au Sénégal en 2019 par l’ancien président Macky Sall, puis réintroduit en 2021 avec des responsabilités réduites. Ousmane Sonko, connu pour son esprit d’initiative, semble insatisfait des fonctions limitées associées à ce poste. Les députés étaient convoqués en séance plénière ce vendredi 16 août pour justement examiner dans le cadre d’une procédure d’urgence la proposition de loi n° 10/2024 modifiant et complétant la loi organique n° 2002-20 du 15 mai 2002, modifiée, portant Règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Pour le maire de Saint-Louis, Mansour Faye cette réforme, approuvée presque à l’unanimité avec une seule voix contre, constitue un tournant majeur pour le renouveau institutionnel au Sénégal. Cette décision ne fait pourtant pas l’unanimité surtout au sein de l’opposition. « Il n’y a aucune chance que le Premier ministre fasse sa déclaration de politique générale devant cette Assemblée nationale », affirme Abba Mbaye, député de la coalition « Taxawou Senegal » de l’opposant Khalifa Sall cité par RFI.
Au Sénégal, la majorité parlementaire n’est pas détenue par le PASTEF, le parti au pouvoir, mais par le Benno bokk yaakaar, le parti de Macky Sall. Il se trouve que le chef d’État Bassirou Diomaye Faye devra négocier, concéder avec l’opposition pour dérouler son « projet ». Mais il dispose d’une carte, celle de dissoudre l’Assemblée nationale. « Le camp présidentiel envisage sérieusement la dissolution de l’Assemblée dans les prochaines semaines, un scénario de plus en plus évoqué par les observateurs politiques » souligne RFI. Selon la constitution cette dissolution ne pourra se faire qu’en septembre prochain.
Ousmane Sonko se retrouve dans une situation délicate : prendra-t-il le risque de présenter sa politique générale devant une Assemblée nationale dominée par l’opposition, ou attendra-t-il une éventuelle dissolution pour obtenir une majorité parlementaire ?
La Rédaction