Dans les régions ouest de la Côte d’Ivoire, spécialement chez le peuple Bété, les certaines femmes sont sollicitées pour des manifestations et pour pleurer. Elles participent aux funérailles en exécutant des louanges d’un défunt, honorant sa mémoire et pleurant sa mort par des chants, des lamentations et des danses traditionnelles, elles sont même invitées lors des mariages. Ces femmes sont payées pour leurs services.
« Moi, je veux perdurer la tradition, sinon c’est en voie de disparition, a regretté Jérôme Koko. Le peuple de Bété qui se trouve à l’ouest du pays est connu pour ses qualités de pleureuses, particulièrement le village de Zépréguhé. “Zéprégué est un village de guerrier, ils ont combattu. À Zéprégué, nous avons une grande superficie, nos parents ont lutté pour ça, donc nos guerriers qui ont disparu, il faut les pleurer, on les regrette jusqu’à aujourd’hui. C’est pour cela, pour maintenir leur savoir-faire, pour que chaque fois, on se souvienne d’eux” a déclaré Jérôme Koko.
Les pleureuses professionnelles comme on les dénomme sont des femmes qui ont une maîtrise des techniques de louanges et subliment les funérailles et les mariages à travers des larmes, des lamentations et des louanges. Ce sont des pratiques qui sont transmises de mère à la fille, par des tantes à leurs nièces. “Ma maman chante, donc quand je chante, je suis à côté d’elle, c’est là-bas que j’ai appris” confie Antoinette Zoko.
Les pleureuses Bété sont de plus en plus demandées dans la région. Elles refusent désormais de se déplacer sans fixer un prix pour la prestation, ouvrant la voie à une mercantilisation des pratiques traditionnelles. “Pour ceux qui vont m’appeler à deux jours de distance, je leur dis que cela coûte 20 000 francs CFA.
Selon un média local abidjan.net, certaines personnalités loueraient les services des pleureuses à l’internationale. Elles auraient même posé leurs valises à Paris pour exercer leur métier. Leur salaire est discutable et varie en fonction de la position financière des parents du défunt. Mais si elles n’ont rien gagné à une cérémonie funéraire, c’est au moins 50 000 FCFA.
En effet, ces femmes ruminent le sentiment d’avoir été trop souvent utilisées et peu rétribuées pour leurs efforts. Sans soutien financier, la culture musicale des pleureuses Bété pourrait disparaître.
La Rédaction

