Au Sénégal, la mise en place de nouvelles taxes pour un total de 762 milliards FCFA a provoqué un mécontentement grandissant. Face à l’impact direct sur le pouvoir d’achat et sur les petites entreprises, les citoyens ont organisé la première manifestation de rue ciblant le nouveau gouvernement.
Par Ibrahima Dieng, correspondance Dakar
Une mobilisation citoyenne inédite
Le 17 octobre 2025, le collectif Nio Lank (« Nous refusons ») a rassemblé plusieurs centaines de participants dans les rues de Dakar pour dénoncer l’augmentation du coût de la vie, en particulier les factures d’électricité et les prix des biens de première nécessité.
Pape Ibrahima Ndom, porte-parole du collectif, a affirmé : « Les ménages peinent à faire face à ces coûts croissants et attendent des réponses claires de l’État. Nous continuerons nos actions jusqu’à obtenir des solutions concrètes. »
Des entreprises sous pression
Les PME et les startups ressentent également les effets de cette politique fiscale. Selon les organisateurs, le coût des taxes limite la compétitivité et contraint de nombreuses petites entreprises à fonctionner à perte, compromettant leur capacité à survivre et à payer leurs charges.
Décryptage des nouvelles taxes
Le gouvernement sénégalais, dans le cadre de son Plan de redressement économique et sociallancé le 1er août 2025, a renforcé la fiscalité pour générer 762 milliards FCFA. Parmi les mesures principales :
• Taxation des jeux de hasard : 300 milliards FCFA
• Taxe sur les services mobile money : 76,5 milliards FCFA
• Révision de la fiscalité sur certains produits alimentaires : 29 milliards FCFA
• Droits de sortie sur l’exportation d’arachide : 9 milliards FCFA
• Augmentation des taxes sur le tabac : 8,2 milliards FCFA
• Droits à l’importation de téléphones portables : 18,8 milliards FCFA
• Taxes sur les exportations d’or et l’importation de véhicules : 54,8 milliards FCFA
• Recettes attendues de la régularisation foncière : 100 milliards FCFA
Ces mesures portent la pression fiscale nationale à 23,2 %, un niveau record dans la zone UEMOA.
Conséquences pour les consommateurs
Certaines entreprises ont déjà répercuté ces taxes. Le Groupe Auchan applique un droit de timbre de 1 % sur tous les paiements en espèces, tandis que Canal Plus a augmenté ses tarifs d’environ 10 %. Ces hausses contribuent à une baisse du pouvoir d’achat des ménages sénégalais.
Réactions politiques
Du côté de l’opposition, la contestation s’intensifie. Thierno Alassane Sall, député et leader de la République des Valeurs (RV), accuse le gouvernement d’utiliser ces taxes pour financer les dépenses de l’État et les salaires des institutions politiques, au détriment des citoyens. Le pouvoir tente de se défendre en évoquant la gestion précédente, mais la grogne sociale met en lumière les tensions croissantes dans le pays.
La Rédaction

