Le Rwanda s’est imposé comme un acteur militaire incontournable en Afrique. De Cabo Delgado au Mozambique, en passant par la République centrafricaine (RCA) et la République démocratique du Congo (RDC), ses forces armées multiplient les déploiements extérieurs. Si ces interventions témoignent de la montée en puissance de Kigali, elles soulèvent aussi une question cruciale : l’armée rwandaise peut-elle maintenir cette cadence sans risquer une surcharge ?
Une armée en première ligne de la sécurité africaine
Depuis plusieurs années, l’armée rwandaise est louée pour son efficacité et sa discipline, notamment dans les missions de maintien de la paix sous l’égide de l’ONU. Mais son rôle ne s’arrête plus aux opérations internationales classiques. À Cabo Delgado, au Mozambique, Kigali est intervenue en soutien à un gouvernement aux prises avec une insurrection jihadiste, offrant un modèle de coopération régionale salué par plusieurs acteurs.
En RCA, les troupes rwandaises accompagnent les forces locales pour sécuriser la capitale Bangui et protéger des zones stratégiques riches en ressources. En RDC, la situation est plus complexe, marquée par des tensions avec des groupes armés et des accusations de soutien aux rebelles du M23, ce qui place le Rwanda au cœur d’enjeux géopolitiques sensibles.
L’enjeu de la capacité opérationnelle
Ces engagements multiples soulèvent le défi de la capacité réelle de l’armée rwandaise. Le pays, qui dispose d’une armée relativement réduite en taille, doit jongler entre sécurité intérieure et responsabilités extérieures. Le risque d’étirement excessif est réel, avec des implications directes pour la gestion des ressources humaines, la logistique et la préparation des soldats.
Une surcharge pourrait non seulement affaiblir les interventions en cours, mais aussi exposer le pays à des vulnérabilités sécuritaires sur son propre territoire. En outre, la pression internationale augmente, certains pays africains et partenaires internationaux observant avec prudence la montée en puissance militaire de Kigali.
Des motivations stratégiques fortes
Derrière ces déploiements, le Rwanda cherche à renforcer son poids politique et diplomatique en Afrique. En s’affichant comme un garant de stabilité dans des zones instables, Kigali gagne en influence et tisse des alliances solides. Par ailleurs, ces interventions sont souvent accompagnées d’intérêts économiques, notamment dans les secteurs miniers en RCA et en RDC.
Cependant, cette stratégie ambitieuse ne peut ignorer les limites de ses forces armées. L’équilibre entre projection de puissance et gestion durable des ressources militaires reste un défi majeur pour le Rwanda.
La Rédaction

