À quatre mois de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, le paysage politique se redessine. L’ancien Premier ministre Guillaume Soro vient de rallier le mouvement « Trop, c’est trop », fondé par Laurent Gbagbo, aux côtés de Tidjane Thiam. Tous trois, exclus des listes électorales, dénoncent une dérive antidémocratique.
Une coalition inédite face au pouvoir
Le 26 juin 2025, depuis son exil, Guillaume Soro a annoncé son ralliement au mouvement « Trop, c’est trop », créé par Laurent Gbagbo le 15 juin. Ce front politique entend contester fermement les exclusions électorales actées début juin par la Commission électorale indépendante (CEI). Il compte désormais trois figures majeures de l’opposition ivoirienne : Gbagbo, Soro et Tidjane Thiam, l’ancien banquier devenu homme politique.
Cette coalition, inédite, s’érige contre ce qu’elle qualifie de « verrouillage politique » orchestré par le régime du président Alassane Ouattara, à l’approche du scrutin du 25 octobre 2025.
Trois exclus, un même combat
Les trois hommes partagent une même réalité : leur radiation des listes électorales.
• Laurent Gbagbo : ancien président, exclu depuis sa condamnation pour la crise post-électorale de 2010-2011.
• Guillaume Soro : condamné à perpétuité en 2021 pour tentative de coup d’État, il vit en exil.
• Tidjane Thiam : radié pour avoir perdu sa nationalité ivoirienne au moment de son inscription sur les listes.
Tous dénoncent une stratégie d’exclusion ciblée visant à écarter les opposants les plus populaires. Leur union au sein de « Trop, c’est trop » leur permet de peser politiquement malgré leur éviction administrative.
« Trop, c’est trop » : un slogan devenu mot d’ordre national
Depuis son lancement, le mouvement gagne du terrain. Il ne s’agit pas seulement d’un front électoral, mais d’une plateforme de protestation citoyenne. Laurent Gbagbo l’a pensé comme un levier pour mobiliser la population autour de la démocratie confisquée, selon lui, par le pouvoir en place.
Le mot d’ordre est clair : la réintégration immédiate des exclus sur les listes électorales, faute de quoi la légitimité du scrutin sera remise en cause. Le mouvement pourrait aussi envisager des actions de grande envergure dans les semaines à venir.
Un scrutin de plus en plus contesté
Avec ces exclusions validées par la CEI le 4 juin dernier, le processus électoral se fragilise. En plus des trois leaders, Charles Blé Goudé, également radié, s’est montré solidaire du mouvement.
Les opposants dénoncent un tripatouillage juridique, tandis que les autorités affirment appliquer strictement la loi. Mais dans un pays encore marqué par les violences électorales passées, le spectre d’une nouvelle crise politique hante les esprits.
Que peut encore faire l’opposition ?
Privés d’accès au vote et de candidature, les opposants misent désormais sur une stratégie double :
1. Mobiliser la population par le biais de rassemblements, de pétitions et de communications massives.
2. Interpeller les instances internationales, notamment la CEDEAO, l’Union africaine et les Nations unies, pour garantir une élection inclusive et crédible.
Dans ce climat chargé, Guillaume Soro revient donc sur le devant de la scène, non pas comme un candidat, mais comme un acteur central de la résistance politique ivoirienne.
Le ralliement de Guillaume Soro à « Trop, c’est trop » marque une nouvelle étape dans la recomposition de l’opposition ivoirienne. Face à un pouvoir accusé d’entraver la démocratie, Gbagbo, Thiam et Soro entendent faire bloc. À quatre mois du scrutin, la bataille électorale semble moins se jouer dans les urnes que dans la rue, les tribunaux… et l’arène internationale.
La Rédaction

