Yusuf Tuggar dénonce une manœuvre injuste et politiquement motivée de l’administration Trump
Le Nigeria refuse catégoriquement de se plier aux injonctions de Washington. Le ministre nigérian des Affaires étrangères, Yusuf Tuggar, a déclaré que le pays ne cédera pas à la pression des États-Unis visant à imposer l’accueil de ressortissants vénézuéliens expulsés, dont certains sortiraient directement des prisons américaines.
Dans une interview diffusée récemment jsur Channels Television, M. Tuggar a qualifié ces sollicitations de déplacées et inacceptables, rappelant que le Nigeria, avec ses 230 millions d’habitants, fait déjà face à des défis internes majeurs.
« Il serait extrêmement difficile pour un pays comme le Nigeria d’accepter des prisonniers vénézuéliens. Nous avons assez de nos propres problèmes. Ce n’est pas à nous de gérer les expulsions de citoyens étrangers incarcérés aux États-Unis », a-t-il martelé.
Une sanction déguisée ? Les 10 % de taxe douanière sur les produits nigérians en question
Selon le ministre, la récente taxe de 10 % imposée par l’administration Trump sur les exportations nigérianes vers les États-Unis pourrait être directement liée à ce refus d’accueillir les expulsés, bien plus qu’à la participation du président Tinubu au sommet des BRICS à Rio de Janeiro. Une hypothèse plausible alors que Donald Trump a promis de punir économiquement les pays associés au BRICS.
Mercredi 9 juillet, Donald Trump a reçu à la Maison-Blanche les chefs d’État de cinq pays ouest-africains – Gabon, Guinée-Bissau, Libéria, Mauritanie et Sénégal – mais a exclu le Nigeria de cette rencontre diplomatique régionale, un signal politique fort selon plusieurs analystes.
Crise des visas : réciprocité ou représailles ?
Autre front de tensions : la politique de visas. Depuis mardi, l’ambassade des États-Unis à Abuja a réduit la validité des visas pour les Nigérians à une seule entrée de trois mois, abandonnant l’ancien visa de cinq ans à entrées multiples. Officiellement, Washington invoque la réciprocité, mais beaucoup y voient là encore une mesure punitive, en réaction à la nouvelle politique nigériane d’e-visas.
La présidence nigériane a tenu à préciser que la réforme actuelle n’abolit en rien les visas longue durée pour les citoyens américains. Le système d’e-visas vise seulement à simplifier et accélérer les procédures pour certains profils comme les touristes ou les voyageurs d’affaires de courte durée.
« Nous continuons à délivrer des visas de cinq ans aux citoyens américains. Le seul changement est que nous avons introduit une procédure en ligne plus rapide. Il ne s’agit donc pas de réciprocité mais d’efficacité », a insisté M. Tuggar.
Le Nigeria ferme la porte aux expulsés vénézuéliens
En conclusion, le Nigeria reste ferme : il ne servira pas de pays d’accueil pour des Vénézuéliens expulsés par les États-Unis, et encore moins pour des anciens détenus. Le ministre des Affaires étrangères a qualifié la demande américaine d’injuste, tout en avertissant que céder à cette pression créerait un précédent dangereux pour l’ensemble du continent africain.
« Ce n’est pas un accord viable pour le Nigeria. Et cela pourrait n’être que le début d’un modèle d’externalisation problématique », a-t-il averti.
La Rédaction

