Le mois d’août a vu le prix de l’or atteindre des sommets sans précédent, offrant ainsi aux pays africains producteurs d’or une opportunité rare d’augmenter leurs recettes. Cette envolée des cours, stimulée par des tensions géopolitiques et des incertitudes économiques mondiales, a déjà commencé à porter ses fruits pour certains pays du continent.
En juillet dernier, le prix de l’once d’or avait déjà franchi un record historique de 2 480 dollars. Cette tendance haussière s’est poursuivie, atteignant 2 530 dollars (environ 2 261 euros) le 20 août. Depuis la fin de l’année 2019, le cours de l’or a bondi de 73 %, une progression en partie liée aux crises successives, telles que la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine, qui ont exacerbé les tensions économiques mondiales. Ces incertitudes ont poussé les investisseurs à se tourner massivement vers l’or, considéré comme une valeur refuge.
Les analystes attribuent également cette flambée à l’anticipation d’une baisse des taux d’intérêt par les grandes banques centrales, notamment la Réserve fédérale américaine (FED). L’annonce par son président, Jerome Powell, d’un ajustement imminent de la politique monétaire, attendu pour septembre 2024, renforce cette prévision. D’après la banque d’investissement UBS, l’once d’or pourrait même atteindre 2 600 dollars d’ici la fin de l’année 2024.
Le Ghana, grand gagnant de la montée des prix
Parmi les pays africains, le Ghana se distingue par la hausse significative de ses recettes fiscales. Les exportations d’or ont généré 5 milliards de dollars pour ce pays d’Afrique de l’Ouest au premier semestre 2024, représentant plus de la moitié de la valeur totale de ses exportations. Si les cours se maintiennent, le Ghana pourrait atteindre des recettes annuelles dépassant les 10 milliards de dollars en 2024, contre 7,6 milliards en 2023, soit une augmentation spectaculaire de 31,6 % en un an.
La production d’or du Ghana, estimée entre 4,3 et 4,5 millions d’onces pour 2024, montre une croissance plus modeste mais néanmoins significative, oscillant entre 6,7 % et 11,7 %. En tant que premier producteur d’or du continent et huitième au niveau mondial, le Ghana n’est pas seul à profiter de cette tendance. L’Afrique du Sud, autrefois leader incontesté, se classe désormais au 12e rang mondial, tandis que des pays comme la Guinée, le Mali, le Burkina Faso et la Tanzanie continuent de renforcer leur position sur la scène mondiale.
Un potentiel encore largement inexploité
L’Afrique dispose d’un potentiel minier considérable encore sous-exploité. Selon le rapport de janvier 2024 du U.S. Geological Survey (USGS), l’Afrique du Sud détient les troisièmes plus grandes réserves mondiales avec plus de 5 000 tonnes d’or dans son sous-sol. Le Ghana, le Mali et la Tanzanie figurent également parmi les quinze pays ayant les plus importantes réserves d’or au monde. En Guinée, les estimations varient entre 1 000 et 2 000 tonnes, plaçant le pays dans le top 10 mondial, tandis que le Burkina Faso possède des réserves encore largement inexplorées.
Pour que l’Afrique tire pleinement parti de cette conjoncture favorable, la question de la transformation locale de l’or doit être sérieusement envisagée. Actuellement, une grande partie de l’or africain est raffinée à l’étranger, notamment en Chine, en Suisse et au Canada. L’Afrique du Sud, qui dispose de raffineries depuis 1920, est une exception.
Cependant, cette situation pourrait changer. En août 2024, le Ghana a inauguré sa première raffinerie, la Royal Ghana Gold Refinery, capable de traiter 400 kg d’or par jour. Le Burkina Faso a, de son côté, entamé la construction de sa première raffinerie, dont la mise en service est prévue pour l’automne 2024. Le Mali, quant à lui, a signé un accord avec la Russie pour construire une seconde raffinerie d’une capacité de 200 tonnes par an. Malgré ces avancées, les capacités de raffinage restent insuffisantes pour traiter l’intégralité de la production africaine.
L’avenir de l’or africain semble prometteur, mais il dépendra de la capacité des pays producteurs à investir dans la transformation locale du métal précieux, maximisant ainsi les retombées économiques sur le continent.
La Rédaction