Quatre jours après la diffusion d’un appel vidéo, les habitants de Souleye, dans le centre du Mali, attendent toujours une réponse des autorités.
Le 25 mai, les habitants du village de Souleye, dans la région de Ségou, ont enregistré une vidéo poignante pour dénoncer le blocus imposé depuis deux ans par les jihadistes du Jnim (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, affilié à al-Qaïda). Diffusée massivement sur les réseaux sociaux, cette vidéo n’a à ce jour suscité aucune réaction officielle de Bamako. Dans un pays où la parole publique est risquée, le silence du pouvoir transitionnel face à cet appel à l’aide devient un signal inquiétant.
À visage découvert, devant une foule silencieuse et solidaire, le chef du village, une représentante des femmes et plusieurs jeunes ont pris la parole pour dresser un tableau accablant : famine, absence d’école, désert médical, terres non cultivées faute de sécurité. « Nous ne sommes pas tranquilles », résume Souleymane Tangara, conseiller municipal. Trois années sans récoltes, sans soins, sans avenir pour les enfants. L’hivernage approche, mais les champs restent en friche. « Si ça continue, c’est la faim qui va faire tomber le pays », avertit-il.
Souleye, chef-lieu d’une commune de dix villages, paie son refus de plier devant les règles imposées par le Jnim. Contrairement aux sept autres villages voisins qui ont accepté les lois jihadistes pour obtenir un sursis, Souleye a résisté. Résultat : un blocus total, des hommes tués quand ils sortent travailler, des biens confisqués, et un isolement toujours plus pesant.
Une femme du village, s’adressant directement au président de la transition, Assimi Goïta, le supplie : « Il faut plus de soldats ! Quand nos hommes vont aux champs ou chercher à manger, ils se font tuer. » Trois jours sont passés, et toujours aucun renfort, aucune mission humanitaire, aucun signal.
Cet appel rappelle celui lancé en février par les habitants de Diosso, également dans la région de Ségou. Là aussi, une vidéo avait circulé, là aussi, aucune réponse n’avait suivi. L’expansion continue des groupes jihadistes dans le centre et le sud du pays réduit au silence les villages résistants, tandis que ceux qui pactisent survivent à peine.
À Souleye, la peur grandit autant que la faim. Et l’État, en retrait, laisse des citoyens exposés seuls face à l’extorsion et à la violence. Combien de villages devront encore se filmer pour briser le mur du silence ?
La Rédaction

