Sous la coupole de l’Assemblée générale de l’ONU, le 29 octobre 2025, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a tiré la sonnette d’alarme sur la fragilité du régime mondial de non-prolifération nucléaire. Entre les centrales ukrainiennes en zone de conflit, les activités nucléaires en Iran et la reprise des inspections en Syrie, le gendarme nucléaire mondial avertit : « les risques nucléaires se multiplient comme jamais auparavant ».
Dialogue avec l’Iran : une priorité stratégique
Face aux tensions persistantes avec Téhéran, l’AIEA s’efforce de rétablir un dialogue jugé « indispensable » par M. Grossi. L’agence travaille à sécuriser les inspections et le suivi de l’enrichissement d’uranium, conditions nécessaires à toute détente diplomatique. Le directeur général a rappelé l’accord technique conclu en juillet au Caire avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, sous l’égide du président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, ouvrant la voie au retour des inspecteurs de l’AIEA dans le pays.
Syrie : vers plus de transparence nucléaire
En Syrie, l’agence poursuit ses efforts pour lever les zones d’ombre autour des activités nucléaires passées. Après un déplacement à Damas, M. Grossi a annoncé des « échanges positifs » et la reprise progressive du travail d’inspection sur le terrain, visant à permettre à la Syrie de bénéficier des usages pacifiques de l’énergie atomique et à renforcer son intégration dans la communauté internationale.
Ukraine : le spectre d’un accident nucléaire
Depuis le début du conflit, la centrale de Zaporijjia reste sous haute surveillance. L’AIEA maintient une présence permanente malgré les coupures électriques répétées qui menacent les systèmes de refroidissement des réacteurs. Grâce à la médiation de l’agence entre Kiev et Moscou, certaines situations critiques ont pu être corrigées, mais les conditions sur le site restent « précaires », avertit M. Grossi.
Le TNP : pilier fragile de la stabilité mondiale
Au-delà des crises régionales, le directeur général a rappelé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) constitue le pilier de stabilité et de prévisibilité dans un monde instable. Il a souligné la nécessité pour les États de réaffirmer leur engagement face à des tensions inédites et à certaines puissances évoquant la possibilité d’acquérir l’arme atomique.
Usages pacifiques et initiatives de l’AIEA
Malgré ces risques, l’AIEA reste porteuse d’optimisme. L’agence développe des programmes scientifiques et sociaux : formation des femmes scientifiques avec Marie Skłodowska-Curie et Lise Meitner, lutte contre le cancer avec Rays of Hope, sécurité alimentaire via Atoms4Food et dépollution marine grâce à NUTEC Plastics, garantissant la sûreté nucléaire tout en élargissant l’accès aux technologies pacifiques.
Rigueur et optimisme courageux
Face aux crises, M. Grossi a appelé à un « optimisme courageux » : le futur n’est pas assombri, et l’AIEA continuera à relever les défis mondiaux et à servir l’humanité avec engagement, transparence et vigilance, pour préserver un régime de non-prolifération essentiel à la paix internationale.
La Rédaction

