Depuis plusieurs siècles, en Iran comme dans de nombreuses monarchies et régimes théocratiques, le pouvoir a souvent été associé à des privilèges réservés à une minorité. Que ce soit sous les Safavides au XVIᵉ siècle, sous les Pahlavi au XXᵉ siècle, ou depuis la Révolution islamique de 1979, les élites ont bénéficié de libertés matérielles et sociales inaccessibles au commun des citoyens. Ces privilèges ont toujours coexisté avec des règles strictes imposées à la population, créant un fossé moral et social.
C’est dans ce contexte séculaire que la diffusion récente d’une vidéo montrant le mariage fastueux de la fille d’un proche du guide suprême iranien prend toute sa signification. L’événement dépasse le simple scandale vestimentaire : il illustre la duplicité du pouvoir, qui persiste depuis des siècles, entre normes appliquées à tous et exemptions réservées aux élites.
Un mariage fastueux qui choque
La cérémonie, organisée dans un hôtel de luxe à Téhéran, était réservée aux femmes, mais filmée et largement diffusée sur les réseaux sociaux. La mariée portait une robe occidentale, décolletée et sans manches, transgressant les codes stricts imposés aux femmes iraniennes. Alors que des femmes ordinaires sont arrêtées pour ne pas porter correctement le voile, la fille d’un proche du guide suprême a pu célébrer son mariage dans une tenue jugée “inappropriée” sans subir la moindre sanction, illustrant la duplicité contemporaine du pouvoir.
Une duplicité enracinée dans l’histoire
Les privilèges des élites en Iran ne sont pas un phénomène récent. Sous les Safavides, les hauts fonctionnaires et membres du clergé vivaient dans le luxe, tandis que le peuple subissait impositions et règles strictes. Sous les Pahlavi, les élites avaient accès à des biens et voyages somptueux, alors que la majorité de la population restait limitée dans ses libertés. Aujourd’hui encore, certains membres du clergé et du gouvernement possèdent des villas et des voitures de luxe à l’étranger, alors que des citoyens sont sanctionnés pour des infractions mineures aux règles vestimentaires ou religieuses. Cette continuité historique illustre une duplicité séculaire, où les privilèges des élites persistent à travers les siècles.
Réactions publiques et tensions sociales
La diffusion de la vidéo a généré une vague de réactions sur les réseaux sociaux, où la population exprime sa frustration face à ce double standard séculaire. Cette indignation est renforcée par la mémoire des répressions violentes, notamment après la mort de Mahsa Amini en 2022, symbole de l’application stricte des règles aux citoyens ordinaires. De nombreux internautes ont comparé le traitement réservé à la mariée à celui des femmes arrêtées pour port de vêtements jugés “inappropriés”, dénonçant un fossé moral et juridique entre élites et citoyens, hérité de siècles de pratiques inégalitaires.
La duplicité du pouvoir et ses conséquences
Cet incident révèle une vérité politique fondamentale : lorsque les élites échappent aux règles qu’elles imposent, la légitimité du pouvoir est remise en cause. La duplicité séculaire engendre méfiance et ressentiment, alimentant le sentiment que le système protège avant tout les intérêts de quelques-uns au détriment du reste de la population. Face aux critiques, le régime a tenté de minimiser l’affaire en la qualifiant de cérémonie privée et en accusant des puissances étrangères d’avoir diffusé la vidéo, illustrant ainsi la continuité de la duplicité à travers le temps.
Le mariage fastueux de la fille d’un proche du guide suprême iranien n’est pas seulement un scandale vestimentaire : il symbolise une duplicité séculaire du pouvoir iranien, où les privilèges des élites persistent depuis des siècles. Tant que cette fracture entre règles et pratiques perdurera, le fossé entre dirigeants et population continuera de s’élargir.
La Rédaction

