Le Ghana est à nouveau secoué par une controverse autour d’un projet d’infrastructure religieuse. Après le scandale de la cathédrale nationale, c’est désormais la construction d’un terminal du Hajj, d’un coût de 14,6 millions de dollars, qui suscite l’indignation. Officiellement conçu pour faciliter le départ des pèlerins musulmans vers La Mecque, ce projet est critiqué pour son opportunité et son financement jugé opaque.
Un projet présenté comme une nécessité
Les autorités ghanéennes défendent le terminal du Hajj comme une réponse à la congestion de l’aéroport international de Kotoka pendant la saison du pèlerinage. Ce nouvel espace serait destiné à accueillir les milliers de fidèles musulmans qui embarquent chaque année pour l’Arabie saoudite. Selon le gouvernement, cette infrastructure permettra un processus d’embarquement plus fluide et sécurisé.
Felix Kwakye Ofosu, ancien ministre adjoint de l’Information, a affirmé que le projet n’est pas financé par les contribuables mais par la Ghana Airport Company Limited, une entreprise publique qui gère les infrastructures aéroportuaires du pays. Un argument qui ne convainc pas tout le monde.
Des critiques sur le coût et la priorité du projet
Pour de nombreux citoyens, la dépense de 14,6 millions de dollars pour un terminal réservé aux pèlerins musulmans est difficile à justifier, alors que le pays fait face à des défis économiques majeurs. Le Ghana, qui a récemment sollicité l’aide du FMI, est confronté à une inflation galopante et à une crise du coût de la vie qui pèse lourdement sur la population.
« Pourquoi investir autant d’argent dans un terminal spécifique alors que d’autres secteurs, comme la santé et l’éducation, manquent cruellement de ressources ? », s’interrogent certains critiques.
La polémique est d’autant plus vive qu’elle fait écho à celle de la cathédrale nationale, un projet annoncé en 2017 et dont le coût a explosé, atteignant plusieurs centaines de millions de dollars. La cathédrale, censée être un monument emblématique du christianisme au Ghana, est aujourd’hui un chantier inachevé qui symbolise pour beaucoup un gaspillage des ressources publiques.
Une fracture religieuse en toile de fond
Si la question financière est au cœur du débat, le sujet touche aussi à l’équilibre religieux du pays. Certains observateurs craignent que ces grands projets liés aux cultes creusent des divisions entre les communautés chrétienne et musulmane, qui cohabitent généralement pacifiquement.
Dans ce contexte, la transparence sur le financement du terminal du Hajj est essentielle pour éviter d’attiser davantage les tensions. Mais pour l’instant, les explications du gouvernement peinent à convaincre une opinion publique de plus en plus méfiante face aux dépenses jugées excessives et aux projets grandioses qui peinent à se concrétiser.
La Rédaction