Le Canada s’apprête à tourner la page Justin Trudeau. Après près de dix ans au pouvoir, le Premier ministre démissionnaire laisse place à Mark Carney, un ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre, largement favori pour prendre la tête du parti libéral et du gouvernement. Un choix qui intervient en pleine crise économique et politique, alors que Donald Trump, de retour à la Maison-Blanche, intensifie la guerre commerciale avec Ottawa.
Un novice en politique, un vétéran de la finance
À 59 ans, Mark Carney se lance officiellement en politique après une carrière passée dans les cercles feutrés de la finance internationale. Son principal argument : son expérience dans la gestion de crises économiques. « Nous sommes confrontés à la crise la plus grave de notre vie… tout, dans ma vie, m’a préparé à ce moment », a-t-il affirmé lors de son dernier meeting.
Face à lui, sa principale adversaire, Chrystia Freeland, ancienne ministre des Finances, a vu sa campagne s’effondrer après sa rupture avec Justin Trudeau sur la gestion des tensions avec Washington. En interne, Carney a su convaincre : il bénéficie d’un large soutien au sein du parti libéral et domine largement en termes de financement de campagne.
Un Canada sous pression
L’enjeu principal de ce changement de Premier ministre ? La guerre commerciale lancée par Donald Trump. Le président américain a réimposé des droits de douane sur les produits canadiens et ne cache plus son mépris pour l’indépendance du pays, allant jusqu’à évoquer l’idée d’un Canada comme “51e État américain”.
Cette attitude provoque un électrochoc au sein de la population. Les Canadiens répliquent par un boycott des produits américains et boudent les voyages au sud de la frontière. La tension est à son comble, et le futur Premier ministre devra rapidement donner des gages de fermeté face à Washington.
Une élection à l’horizon
Si Mark Carney prend la tête du gouvernement, il n’aura que quelques mois pour faire ses preuves avant des élections législatives prévues au plus tard en octobre. Les libéraux, affaiblis par une décennie de pouvoir et une crise économique marquée par une inflation galopante, étaient en janvier distancés de plus de 20 points par les conservateurs.
Mais la dynamique change. Selon un récent sondage Angus Reid, Carney est désormais préféré par 43 % des Canadiens pour affronter Trump, contre 34 % pour Pierre Poilievre, le chef des conservateurs. Ce dernier, longtemps favori, paie le prix d’une rhétorique populiste qui rappelle celle du président américain et inquiète une partie de l’électorat.
Entre une opposition affaiblie et un pays en plein tumulte, Mark Carney joue gros. En quelques mois, il devra prouver que son expertise économique peut se traduire en leadership politique, et convaincre les Canadiens qu’il est l’homme de la situation.
La Rédaction