Cela fait maintenant 6 mois que deux des membres les plus influents du mouvement le Balai Citoyen, Aboudou Rasmane Zinaba et Bassirou Badjo, enlevés respectivement les 20 et 21 février 2024 à Ouagadougou par des individus armés, sont privés de leurs libertés. Le Balai Citoyen rappelle que ces enlèvements ont eu lieu malgré une décision de justice.
Aboudou Rasmane ZINABA, chargé à l’organisation du mouvement le Balai Citoyen a été enlevé, tôt le matin du 20 février 2024, par des individus non identifiés à son domicile à Ouagadougou. Ces personnes, en civils et armées, l’ont emmené dans un lieu inconnu de sa famille, de ses proches et de son mouvement.
Le lendemain 21 février 2024 alors que le mouvement se demandait où se trouvait son chargé à l’organisation, dans l’après-midi, Bassirou BADJO, administrateur des affaires sociales en poste à la Direction Générale de la Solidarité Nationale et de l’Assistance Humanitaire (DGSAH) est aussi enlevé sur son lieu de travail par des individus se présentant comme des agents de la sûreté de l’État. Il est aussi conduit vers une destination inconnue.
Les deux camarades feront leurs premières apparitions sur les écrans de la télévision nationale du Burkina dans la rubrique « Parole de combattant » le 10 juin 2024 pour Aboudou Rasmane ZINABA et le 1er juillet 2024 pour Bassirou BADJO. Cette émission montre des soldats ou des volontaires au front.
Mais au préalable, une décision du tribunal administratif datant du 6 décembre 2023 ordonnait la suspension des réquisitions à leur encontre. Le juge avait estimé ces réquisitions manifestement illégales et avait enjoint au commandant du Commandement des Opérations du Théâtre National (COTN) de s’abstenir immédiatement de mettre à exécution lesdits ordres de réquisition et de mettre fin au déploiement des deux membres du Balai Citoyen.
Il faut rappeler que ces événements se sont déroulés après une série d’enlèvements et d’enrôlements forcés de personnes critiques vis-à-vis de la gouvernance du capitaine Ibrahim Traoré pendant le dernier trimestre de l’année 2023. Le 11 septembre 2023, le médecin anesthésiste-réanimateur Arouna LOURE a ainsi été envoyé au front. Par la suite, plusieurs leaders d’organisations de la société civile, journalistes, animateurs, chroniqueurs médias et citoyens ont de même été réquisitionnés et/ou enlevés en dépit de décisions de justice en leur faveur. Rasmane Zinaba et Bassirou Djado sont, de toute évidence, depuis six mois au front et ne sont toujours pas autorisés à communiquer avec leurs familles.
Le régime du capitaine Traoré semble être décidé à envoyer au front toutes personnes qui critiquent sa politique intérieure et extérieure. Notons que les mouvements de la société civile comme le Balai Citoyen ont pourtant joué un rôle important dans l’avènement au pouvoir de l’actuel homme fort du pays. Ce sont d’ailleurs ces mouvements qui ont conduit à la chute de l’ex-président Blaise Compaoré.
La Rédaction