La crise malienne dépasse désormais le cadre national. Depuis le nord du pays jusqu’aux zones centrales, le Mali traverse une période d’instabilité multidimensionnelle où le mot « déflagration » résonne comme un avertissement. L’extension du conflit vers les pays voisins, à travers ce que les analystes appellent un effet domino, préoccupe les experts et les décideurs régionaux.
Une instabilité qui s’enracine
Depuis la rébellion touarègue de 2012 et l’implantation des groupes affiliés à Jama’at Nusrat al‑Islam wal Muslimin (JNIM) et à l’État islamique dans le Grand Sahara (ISGS), le Mali connaît un vide sécuritaire et politique profond. La sortie progressive des forces internationales et la réduction du soutien des partenaires ont accentué ce vide, offrant un terrain propice aux groupes armés qui étendent leurs zones d’action vers des frontières jusqu’ici relativement protégées.
Une propagation sécuritaire inquiétante
Les attaques se multiplient désormais près des frontières avec des pays comme le Sénégal, illustrant la capacité des groupes à élargir leur champ d’action. Ce phénomène n’est plus limité aux zones sahéliennes isolées : la contagion sécuritaire menace désormais les pays littoraux et ceux du Golfe de Guinée, où l’instabilité pourrait rapidement s’installer.
Des conséquences économiques et sociales concrètes
Le blocage des routes commerciales et la perturbation des lignes logistiques fragilisent les marchés régionaux. Les corridors stratégiques entre Bamako et Dakar, essentiels aux échanges ouest-africains, sont perturbés, provoquant des ralentissements économiques et des tensions sociales qui pourraient toucher des pays côtiers comme le Togo, le Bénin et le Ghana.
Fragilité institutionnelle et risque politique
Les coups d’État successifs au Mali, au Burkina Faso et au Niger, conjugués à la sortie de ces pays de la CEDEAO, ont affaibli la coordination régionale. Ce contexte ouvre la voie à une déflagration politique, où la fragilité des institutions combinée à l’essor des groupes armés devient une menace pour la stabilité de toute l’Afrique de l’Ouest.
Signaux récents et alerte régionale
Les derniers événements confirment cette dynamique : attaques à la frontière Mali-Sénégal, blocages des approvisionnements en combustibles et perturbations logistiques. Le WFP rappelle que la crise n’est pas uniquement malienne et qu’elle pourrait s’étendre aux pays côtiers. Même les États considérés comme stables sont exposés à des flux de réfugiés, des perturbations commerciales et des tensions sécuritaires aux frontières.
Pourquoi parler de « déflagration »
Le terme « déflagration » illustre le danger d’une propagation rapide et incontrôlée. L’effet domino, qui pourrait naître de la crise malienne, est à la fois sécuritaire, économique et politique. Sans mesures concertées et renforcement institutionnel, cette instabilité pourrait se transformer en un souffle de violence touchant l’ensemble de la région.
La crise malienne représente un point de départ potentiel pour un effet domino en Afrique de l’Ouest. La vigilance, la coopération régionale et le renforcement institutionnel sont essentiels pour éviter que cette instabilité ne se transforme en déflagration aux conséquences irréversibles. La prévention et la gestion proactive des risques demeurent les seuls moyens d’assurer la stabilité régionale.
La Rédaction

