Les discussions concernant l’instauration d’une taxe mondiale sur les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le secteur du transport maritime gagnent du terrain. De plus en plus de pays membres de l’Organisation maritime internationale (OMI) manifestent leur soutien à cette initiative. La semaine dernière, un groupe de travail de l’OMI, qui regroupe 176 États, s’est réuni à Londres et a noté une augmentation du nombre de nations en faveur d’une telle taxation.
Delaine McCullough, présidente de l’organisation Clean Shipping Coalition, a déclaré que lors des récentes négociations, un consensus se dessinait autour d’une taxe sur les GES et de normes sur les carburants marins. Elle a souligné l’urgence d’adopter ces mesures pour lutter contre le changement climatique.
Selon le Global Strategic Communications Council (GSCC), 39 pays ont exprimé leur soutien à une taxe sur les GES pour le transport maritime, un chiffre en hausse par rapport à 34 lors des discussions de mars dernier. Cependant, une quinzaine d’États demeurent opposés à l’idée d’une taxation, préférant des approches moins strictes, axées sur des normes de carburant.
Les discussions se poursuivront à Londres au sein du comité de protection de l’environnement marin (MEPC) de l’OMI, avec l’objectif d’élargir le consensus sur les modalités de la taxe. Ces débats précéderont une réunion cruciale prévue pour le printemps 2025, où les États membres devraient finaliser un mécanisme de taxation.
Actuellement, le secteur maritime est responsable d’environ 3 % des émissions mondiales de GES, un chiffre qui pourrait grimper considérablement sans intervention. En juillet 2023, les membres de l’OMI se sont engagés à viser des émissions nulles d’ici 2050, avec des objectifs intermédiaires de réduction pour 2030 et 2040. Ils ont déjà convenu d’un ensemble de mesures, incluant un mécanisme de tarification pour les émissions maritimes et des normes pour diminuer l’intensité carbone des carburants.
Les États doivent désormais s’accorder sur un mécanisme de tarification, incluant la fixation d’un prix de départ et l’étendue de la taxe. Ana Laranjeira, directrice chez Opportunity Green, a indiqué que diverses propositions sont à l’étude, comme un prélèvement forfaitaire sur les émissions du transport maritime international.
La répartition des revenus générés par cette taxe suscite également des débats. Parmi les options envisagées, il y a l’utilisation des fonds pour encourager l’adoption de technologies à zéro émission ou pour soutenir la décarbonation des secteurs maritimes dans les pays en développement. Anaïs Rios, responsable de la politique maritime au sein de l’association environnementale Seas at Risk, a plaidé pour une taxe élevée, permettant aux nations vulnérables de financer la transition énergétique de leur secteur maritime.
Les efforts de décarbonation auront un impact significatif sur la flotte mondiale et sur tous les membres de l’OMI, mais les pays les moins développés et les petites îles en seront les plus affectés. Une étude d’impact sur ces États sera présentée lors de la réunion du MEPC.
Ana Laranjeira a ajouté que les pays les plus vulnérables au changement climatique doivent être au centre de ces discussions, car ils subissent déjà les conséquences de cette crise et ont souvent du mal à faire entendre leur voix lors de ces négociations.
L’OMI vise à établir un accord sur une taxe sur les GES et d’autres mesures d’atténuation des émissions d’ici avril 2025, avec une adoption finale prévue pour la fin de cette même année.
La Rédaction