L’aéroport international de Goma, fermé depuis les affrontements de janvier 2025, est au cœur d’une situation complexe mêlant enjeux militaires, diplomatie internationale et urgence humanitaire. Alors que la population locale reste dépendante de l’aide extérieure, le contrôle de l’accès aérien est devenu un levier stratégique entre la RDC, le M23 et leurs soutiens régionaux.
Contrôle et menace aérienne
Depuis la prise de positions du M23 à Goma, l’accès à l’aéroport est restreint. Les rapports des Nations unies font état de systèmes mobiles de défense anti-aérienne (SAM, MANPAD) autour de la ville, utilisés pour protéger les zones sous contrôle des groupes armés et prévenir toute opération aérienne imprévue. La réouverture de l’aéroport nécessiterait des garanties de sécurité renforcées afin d’assurer le transit sûr des vols humanitaires et d’éviter tout risque de confrontation militaire.
Urgence humanitaire
L’aéroport de Goma représente une véritable « ligne de vie » pour les milliers de civils déplacés dans le Nord-Kivu. Sa fermeture limite drastiquement l’acheminement de vivres, de médicaments et l’évacuation des blessés. Les agences onusiennes et les ONG alertent : sans reprise rapide des vols humanitaires, la situation sanitaire et alimentaire pourrait devenir critique.
RDC : Kinshasa dénonce l’opposition du M23 à la réouverture
Le gouvernement congolais a dénoncé samedi l’opposition du groupe armé M23 à la décision française de rouvrir l’aéroport de Goma. L’annonce, faite par le président Emmanuel Macron lors d’une conférence internationale à Paris consacrée à la crise dans l’est de la RDC, visait à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire.
Si Kinshasa a salué cette initiative, le M23 l’a jugée « inopportune », affirmant que toute décision devait s’inscrire dans le cadre des négociations de Doha, sous médiation du Qatar. En réaction, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a dénoncé « des pantins qui occupent Goma et Bukavu », ajoutant que « ni le Rwanda, ni son supplétif M23 ne peuvent s’opposer à la nécessité d’apporter l’appui humanitaire à nos populations ».
L’aéroport de Goma, fermé depuis sa prise par le M23, demeure stratégique pour l’acheminement rapide des secours et du matériel médical. Dans le même temps, la France a annoncé une aide internationale de 1,5 milliard d’euros et la création de couloirs humanitaires vers la RDC et ses pays voisins.
Enjeux stratégiques et diplomatiques
Au-delà de l’urgence humanitaire, le contrôle de l’aéroport symbolise la lutte d’influence entre les acteurs régionaux. Pour le M23 et Kigali, la maîtrise de cet espace aérien renforce le rapport de force sur le terrain et dans les négociations. Pour Kinshasa, accepter une médiation internationale tout en revendiquant sa souveraineté relève d’un équilibre difficile.
Malgré la signature à Doha d’un « cessez-le-feu permanent » en juillet et un accord de paix en juin à Washington entre la RDC et le Rwanda, les affrontements persistent. Dans ce contexte, la réouverture de l’aéroport de Goma se trouve au carrefour d’intérêts politiques, militaires et humanitaires qui dépassent largement les frontières congolaises.
La Rédaction
Sources :
• ONU Genève – Appel à la réouverture de l’aéroport de Goma (février 2025)
• MONUSCO – Rapport sur la sécurité aérienne au Nord-Kivu
• Real Rwanda – M23 Declines to Reopen Goma Airport (mars 2025)
• KT Press – DRC Government Preventing Planes from Landing at Goma Airport (mars 2025)
• AFP / RFI – Déclarations du gouvernement congolais sur le M23 et l’initiative française (novembre 2025)

