Le président balaie les soupçons de dérive autoritaire malgré les défections massives vers le parti au pouvoir.
Le président nigérian Bola Ahmed Tinubu a tenu à rassurer, jeudi 12 juin, sur ses intentions politiques. Face aux critiques croissantes évoquant une volonté d’étouffer la démocratie multipartite au Nigeria, il a fermement rejeté l’idée d’une dérive vers un système à parti unique. S’exprimant devant les députés fédéraux à l’occasion de la Journée de la démocratie, le chef de l’État a déclaré : « Je serai la dernière personne à préconiser la fin du multipartisme au Nigeria. »
Cette déclaration intervient dans un climat de méfiance renforcé par une vague de ralliements d’élus de l’opposition vers le All Progressives Congress (APC), le parti présidentiel. Ces derniers mois, plusieurs gouverneurs et députés ont abandonné leurs formations d’origine pour rejoindre l’APC, alimentant les accusations de pression politique orchestrée depuis le sommet de l’État.
Ces soupçons ont été ravivés par les propos controversés d’Abdullahi Ganduje, président de l’APC, qui avait estimé qu’il n’y avait « rien de mal » à envisager un État à parti unique au Nigeria. Des propos immédiatement dénoncés dans une région déjà préoccupée par l’érosion de la liberté politique.
Le principal parti d’opposition, le People’s Democratic Party (PDP), ne cache pas ses inquiétudes. Son porte-parole, Debo Ologunagba, accuse Bola Tinubu d’avoir utilisé l’appareil d’État pour fragiliser les figures de l’opposition. « La stratégie n’est pas nouvelle : affaiblir ses adversaires politiques en instrumentalisant la justice et les forces de sécurité », a-t-il affirmé, pointant du doigt une lutte sélective contre la corruption.
Les forces de l’ordre nigérianes sont en effet régulièrement critiquées pour leur parti-pris apparent, menant des enquêtes principalement contre les membres de l’opposition, tout en épargnant les proches du pouvoir.
Dans un contexte où la démocratie nigériane est souvent citée en exemple sur le continent africain, ces développements suscitent une vive inquiétude chez les observateurs. Le président Tinubu, en assurant vouloir préserver le pluralisme politique, tente de contenir une crise de confiance qui pourrait, à terme, fragiliser sa légitimité.
La Rédaction

