La désertification accélérée met en péril l’agriculture de subsistance au Nigeria, menaçant la sécurité alimentaire d’un pays bientôt troisième plus peuplé du monde.
Dans le nord-ouest du Nigeria, les champs craquelés par la chaleur sont devenus le décor quotidien de milliers d’agriculteurs. Les rivières ont cessé de couler, les puits se tarissent, et les récoltes s’amenuisent. À mesure que la sécheresse s’installe, l’agriculture familiale, pilier de l’économie rurale, vacille.
Nasiru Bello, exploitant agricole depuis plus de vingt ans dans l’État de Sokoto, témoigne d’un quotidien devenu infernal :
« Je rencontre beaucoup de difficultés parce que je n’utilise plus l’eau de la rivière. Un puits peut parfois être creusé, mais il s’assèche pendant que vous l’utilisez. Il faut en creuser un autre, mais cela nécessite de l’argent. Nous n’avons pas aussi d’argent pour changer de générateurs chaque année. »
Comme lui, des milliers de petits producteurs — qui représentent plus de 80 % du secteur agricole et assurent 90 % de la production nationale — doivent puiser plus profondément dans des nappes phréatiques de plus en plus capricieuses. Une opération coûteuse, et souvent vaine.
Le climat, ennemi de la terre nourricière
L’origine de cette lente asphyxie est clairement identifiée par les écologistes : le changement climatique.
« L’assèchement des rivières, des lacs et des ruisseaux au cours des dernières décennies est lié au changement climatique. À cela s’ajoute la précarité de l’environnement de l’État de Sokoto, région semi-aride où la désertification et d’autres problèmes climatiques connexes sévissent », explique Isa Yusuf-Sokoto, écologiste à l’École polytechnique Umaru Ali Shinkafi.
Les chiffres confirment ce déclin. En un an seulement, les surfaces cultivées de maïs ont fondu de 6,2 millions à 5,8 millions d’hectares, selon la bourse agricole AFEX. Une baisse qui en dit long sur la pression climatique croissante et l’érosion silencieuse du potentiel agricole nigérian.
Une équation vitale pour demain
Avec plus de 220 millions d’habitants aujourd’hui, le Nigeria est déjà le pays le plus peuplé d’Afrique. D’ici 2050, il devrait devenir la troisième nation la plus peuplée de la planète, après l’Inde et la Chine. Nourrir cette population devient un défi existentiel.
Face à l’avancée du désert, la lutte s’annonce rude. Pour les fermiers de Sokoto et d’ailleurs, il ne s’agit plus seulement de cultiver, mais de survivre.
La Rédaction

