Une étude récente met en lumière le sentiment d’insécurité des jeunes en Afrique face à la corruption, qui est perçue comme une menace pour leur avenir. Selon ce sondage réalisé auprès de 5.604 jeunes de 18 à 24 ans dans 16 pays du continent, 60 % des répondants envisagent d’émigrer en raison de ce fléau.
Commandée par la Ichikowitz Family Foundation, basée à Johannesburg, cette enquête révèle que la corruption est « au cœur des préoccupations de la jeunesse ». Elle est perçue comme le principal obstacle à leur développement personnel et à une vie meilleure. La plupart des jeunes interrogés estiment que leurs gouvernements ne font pas suffisamment pour lutter contre ce problème.
Près de 60 % des jeunes prévoient d’émigrer au cours des cinq prochaines années, avec l’Amérique du Nord et les pays d’Europe occidentale, tels que le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et l’Espagne, parmi les destinations les plus prisées.
Les résultats de l’étude, intitulée « Étude sur la jeunesse africaine en 2024 », montrent également que les jeunes souhaitent des sanctions plus sévères contre les hommes politiques corrompus, y compris l’interdiction de prendre des fonctions publiques, ainsi qu’un changement de système gouvernemental. Bien que deux tiers des participants croient en la démocratie, près de 60 % se montrent favorables à un type de gouvernement « d’inspiration africaine ». Un tiers des répondants estime que des systèmes non démocratiques, comme ceux issus d’un régime militaire ou d’un parti unique, pourraient être préférables dans certaines situations.
La majorité des jeunes (72 %) considère l’influence étrangère comme problématique, s’inquiétant de l’exploitation de leurs pays par des entreprises étrangères, notamment en ce qui concerne l’exportation des ressources minérales naturelles, sans bénéfice pour la population locale. Cependant, 82 % d’entre eux jugent l’influence de la Chine comme positive, tandis que 79 % ont une opinion similaire sur les États-Unis.
Par ailleurs, les perceptions de l’influence de la Russie ont augmenté, particulièrement au Malawi et en Afrique du Sud, où plus de la moitié des jeunes expriment un avis positif sur l’approvisionnement en engrais et en céréales en provenance de Russie.
Cette étude, qui a été menée pour la première fois en 2020, vise à « donner la parole à la jeunesse africaine de manière scientifique », selon Nico De Klerk, directeur de la communication de la fondation. Elle fournit également des données précieuses pour les gouvernements, les ONG et les investisseurs. En Afrique, près de 420 millions de jeunes âgés de 15 à 35 ans, dont un tiers est au chômage, vivent actuellement sur le continent, et ce chiffre devrait dépasser 830 millions d’ici 2050, selon la Banque africaine de développement.
La Rédaction

