Il arrive chaque année, implacable. L’Harmattan, ce vent venu du Sahara, recouvre l’Afrique de l’Ouest d’un voile de poussière, transformant le climat et l’atmosphère. Mais derrière son ballet de particules en suspension, il transporte un fardeau invisible : maladies respiratoires, infections bactériennes et épidémies silencieuses.
Un vent chargé de périls
L’Harmattan prend naissance dans les anticyclones du Sahara. Poussé par de puissantes différences de pression, il balaie le désert, arrachant au sol des millions de particules fines qu’il entraîne vers le sud. En traversant le Sahel et le Golfe de Guinée, il assèche l’air, obstrue les voies respiratoires et altère la qualité de vie.
Ce n’est pas seulement un phénomène météorologique : c’est un vecteur de maladies. Ses poussières ne se contentent pas d’irriter la peau ou d’assécher la gorge. Elles transportent avec elles des agents pathogènes qui prolifèrent dans ces conditions extrêmes.
Un fléau pour la santé
Dans les régions touchées, les consultations pour maladies respiratoires explosent dès l’arrivée de l’Harmattan. L’air saturé de particules pénètre profondément dans les poumons, aggravant asthme, bronchites et pneumonies. Les hôpitaux voient affluer des patients en détresse respiratoire, des nourrissons aux personnes âgées.
Mais l’Harmattan ne s’arrête pas là. Il favorise la propagation de bactéries redoutables, notamment Mycobacterium tuberculosis, responsable de la tuberculose, et des méningocoques, à l’origine de la méningite. Cette dernière, particulièrement virulente en saison sèche, frappe durement les pays sahéliens, causant des épidémies meurtrières.
Un poison dans l’air
L’invisibilité de la menace rend la situation encore plus insidieuse. Contrairement à une tempête de sable qui assombrit le ciel, l’Harmattan installe une brume persistante, un mélange de particules microscopiques et de polluants. Dans les villes, ce phénomène se conjugue à la pollution industrielle, aggravant les pathologies respiratoires.
Des études montrent que l’augmentation des concentrations de particules fines lors des épisodes d’Harmattan est corrélée à une hausse de 24 % de la mortalité infantile. Les enfants, dont les poumons sont plus vulnérables, paient le prix fort de ce poison aérien.
Se protéger : un défi quotidien
Face à un ennemi invisible, la prévention devient essentielle. Les recommandations sont claires : se couvrir le nez et la bouche, humidifier l’air intérieur, limiter les sorties aux heures les plus poussiéreuses. Mais dans les zones rurales, où l’accès aux soins est limité, ces précautions restent insuffisantes.
Les gouvernements sahéliens renforcent les systèmes d’alerte et les campagnes de vaccination contre la méningite. Des programmes de surveillance de la qualité de l’air sont en cours, mais ils peinent à couvrir l’ensemble du territoire.
L’Harmattan est plus qu’un simple vent : c’est un acteur climatique qui façonne la vie de millions de personnes. Apprendre à le comprendre et à s’en protéger est un enjeu sanitaire majeur. Car si l’on ne peut l’empêcher de souffler, on peut en limiter les ravages.
La Rédaction

