Une compétition qui bouleverse les règles du jeu
En mai 2026, Las Vegas accueillera un événement sportif inédit et controversé : les Enhanced Games, littéralement les “Jeux augmentés”. Cette compétition, imaginée par l’entrepreneur australien Aron D’Souza, autorisera les athlètes à utiliser des substances dopantes normalement interdites par les fédérations internationales. Objectif affiché : repousser les limites de la performance humaine, sous supervision médicale, et transformer la science en nouveau terrain de jeu du sport mondial.
Des performances dopées et des primes colossales
Les organisateurs des Enhanced Games annoncent un programme centré sur trois disciplines :
• Athlétisme (100 m, haies)
• Natation (50 et 100 m nage libre, papillon)
• Haltérophilie
Chaque vainqueur pourra empocher jusqu’à 250 000 dollars, et un bonus d’un million sera attribué pour tout record mondial battu. Exit les sports collectifs : ces “Jeux de la performance pure” se concentrent sur les exploits individuels, quitte à brouiller la frontière entre l’humain et le surhumain.
Des athlètes controversés séduits par la liberté
Plusieurs figures du sport mondial ont déjà rejoint le projet.
Le sprinteur américain Fred Kerley, champion du monde du 100 m, suspendu pour manquements antidopage, a été l’un des premiers à signer. Il a été suivi par le Français Mouhamadou Fall, actuellement suspendu jusqu’en 2026, qui assume pleinement sa participation.
En natation, les Australiens James Magnussen et Ben Proud, ou encore le Grec Kristian Gkolomeev, ont également franchi le pas, séduits par la promesse d’un sport “libéré des hypocrisies du dopage caché”.
Mais cette liberté a un prix : ces athlètes s’exposent à des sanctions sévères de la part des fédérations internationales, du Comité international olympique (CIO) et de l’Agence mondiale antidopage (AMA).
Sebastian Coe, président de World Athletics, a été catégorique :
“S’ils sont assez stupides pour y participer, ils seront bannis, et ce pour longtemps.”
Des investisseurs puissants derrière le projet
Les Enhanced Games attirent des milliardaires en quête de transhumanisme. Parmi eux, le fondateur de PayPal Peter Thiel, le financier allemand Christian Angermayer, et le fonds américain 1789 Capital, dans lequel Donald Trump Jr. est impliqué.
Ces investisseurs voient dans cette initiative un moyen de “réinventer la biologie humaine” et de “créer une économie du corps amélioré”.
Aron D’Souza revendique cette approche :
“Nous ne faisons pas du sport, nous faisons de la science. Nos athlètes sont les pionniers de l’humain augmenté.”
Les risques sanitaires pointés par les scientifiques
Les experts du dopage s’alarment. Pour Olivier Rabin, directeur scientifique de l’AMA, ces Jeux “transforment les athlètes en cobayes humains”.
Les substances en jeu — stéroïdes anabolisants, hormones de croissance, EPO, insuline — peuvent provoquer des troubles cardiaques, des atteintes rénales et hépatiques, voire des séquelles neurologiques irréversibles.
Des chercheurs norvégiens et américains ont aussi mis en garde contre le risque d’une “course au dopage sans limite”, susceptible de banaliser le danger chez les jeunes sportifs.
Vers une nouvelle frontière du sport ?
Les Enhanced Games se présentent comme une révolution sportive et biologique, mais ils pourraient aussi marquer une rupture éthique majeure.
Entre science, performance et argent, la frontière entre progrès et démesure devient plus floue que jamais.
Reste une question essentielle : le sport peut-il encore être humain quand la victoire passe par la chimie ?
La Rédaction

