Pollution, absence de consultation des populations, non-respect des normes environnementales
Une enquête publiée début mai par l’Association pour le respect du droit des populations autochtones, du développement durable et du droit de l’homme (ARPA2DH) dresse un constat alarmant de l’exploitation pétrolière et minière dans le sud du Congo-Brazzaville. Quatre entreprises, principalement chinoises, sont mises en cause pour des pratiques jugées négligentes, voire dangereuses pour les populations locales.
Pas de consentement, pas d’information
Selon Blanchard Cherotti Mavoungou, président de l’ARPA2DH, aucune des entreprises concernées n’a respecté le Consentement libre, informé et préalable (CLIP), un principe fondamental en matière de projets d’exploitation sur des terres habitées par des communautés autochtones.
« Ces entreprises ont obtenu des autorisations auprès du gouvernement, mais elles n’ont jamais consulté les populations locales. Elles n’ont pas recueilli leur consentement, ni même présenté les projets en amont », dénonce-t-il.
Cette absence de concertation prive les populations concernées d’un droit essentiel : celui de décider si elles acceptent ou non l’implantation de telles activités sur leur territoire.
Des études d’impact inexistantes
Le rapport pointe également l’absence d’études d’impact environnemental et social, pourtant obligatoires dans le cadre de tout projet industriel de cette ampleur. Cette lacune a eu des conséquences dramatiques, notamment dans les localités de Tchiminzi et Tchitondo, où l’entreprise chinoise Wing Wa, active dans l’exploitation pétrolière onshore, est accusée d’utiliser et de rejeter des produits toxiques.
« Chaque soir, à partir de 18h, les habitants sont contraints de se cloîtrer chez eux. Les émanations attaquent les toitures des maisons, qu’il faut remplacer tous les trois mois », explique Mavoungou.
La pollution de l’air, la contamination de l’eau et l’absence de suivi sanitaire font craindre des risques graves pour la santé publique.
Un modèle extractiviste au mépris des droits humains
Pour l’ARPA2DH, ces dérives traduisent une faille structurelle dans la gouvernance des ressources naturelles. L’État congolais, en octroyant des permis sans surveillance stricte ni condition environnementale, laisse le champ libre à des pratiques industrielles qui violent les droits des citoyens et menacent les équilibres écologiques.
Au-delà de la simple négligence, l’ONG dénonce un système de prédation, où le développement économique passe avant la protection des communautés et de l’environnement.
Appel à la réforme et à la transparence
Face à ces constats, l’ARPA2DH appelle les autorités congolaises à :
- renforcer la transparence dans l’octroi des permis d’exploitation ;
- exiger des études d’impact rigoureuses et indépendantes ;
- garantir la participation active des populations locales aux décisions ;
- imposer des mécanismes de contrôle et de réparation en cas de pollution.
Ce rapport, fruit de plusieurs mois d’enquête de terrain, vient rappeler l’urgence d’un cadre légal plus ferme face à des entreprises souvent puissantes, mais peu soucieuses de leurs responsabilités sociales et environnementales.
La Rédactionj

