Au Burkina Faso, les autorités ont pris une décision controversée : au moins deux magistrats ont reçu l’ordre d’être réquisitionnés pour servir l’armée au front dans la lutte contre les groupes jihadistes et armés. Les médias rapportent que le nombre exact de magistrats concernés varie, certains journaux évoquant deux, d’autres quatre.
Ces magistrats sont tenus, selon le quotidien sénégalais SenePlus, de « participer aux opérations de sécurisation du territoire du groupement des Forces de sécurisation du nord à Kaya, du 14 août au 30 novembre ». Ce choix surprend, étant donné que les magistrats sont généralement « plus prompts à manier le verbe et la règle de droit dans toute sa rigueur que les kalachnikovs et les balles assassines », comme le souligne le journal aujourd’hui au Faso.
De nombreux observateurs accusent le régime du capitaine Ibrahim Traoré de chercher à punir certaines figures en les envoyant au front, notamment parce que ces magistrats auraient « pris des décisions contre des proches du pouvoir ». Cette décision a suscité des réactions vives, notamment de la part du tribunal de Bobo-Dioulasso, dont le juge des référés a déclaré illégaux les ordres de réquisition décernés à l’encontre des magistrats, affirmant qu’il était inacceptable de les envoyer faire la guerre aux côtés des militaires. Le tribunal a qualifié ces ordres de manifestement illégaux » et portent atteinte aux libertés fondamentales. L’État a été condamné à verser un million de francs CFA aux requérants.
Pour le journal Aujourd’hui au Faso, cette réquisition de magistrats « constitue une première qui finit de convaincre que décidément plus rien ne sera comme avant au pays des hommes intègres ». Cette situation met en lumière les tensions croissantes au sein du système judiciaire burkinabè.
La Rédaction