Sous le feu des critiques, Israël défend la GHF, un dispositif d’aide humanitaire jugé meurtrier et inefficace
Amnesty International a relancé jeudi le débat mondial sur les opérations militaires et humanitaires à Gaza en publiant un rapport accablant : l’organisation y accuse Israël de commettre un génocide à travers un système d’aide humanitaire militarisé, soutenu par les États-Unis. Le dispositif visé, la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), est accusé de transformer la distribution de nourriture en une « stratégie de famine et de contrôle » qui aggrave la crise humanitaire dans l’enclave palestinienne.
Un réseau d’aide devenu « piège mortel »
Depuis sa mise en place le 26 mai, la GHF, soutenue politiquement et financièrement par Tel-Aviv et Washington, a remplacé le système de distribution piloté par l’ONU. Les centres de la fondation, lourdement protégés par des agents de sécurité privés et installés à proximité de positions militaires israéliennes, sont rapidement devenus des points de tension extrême. D’après le ministère de la Santé de Gaza, plus de 500 Palestiniens auraient été tués ces dernières semaines en tentant d’accéder à l’aide.
Pour Amnesty, les faits sont clairs : « Israël a transformé la recherche d’aide en un piège pour des Palestiniens désespérés et affamés ». Le rapport évoque une politique délibérée de ciblage de civils aux abords des centres, souvent avec des tirs à balles réelles et des grenades assourdissantes.
Une dénonciation appuyée par les ONG et des témoins
Plus de 165 ONG internationales se sont récemment jointes à Amnesty pour appeler à la dissolution immédiate de la GHF, la qualifiant d’outil de guerre humanitaire. Le Programme alimentaire mondial, quant à lui, a confirmé que l’accès à la nourriture est à son plus bas niveau depuis le début de la guerre en octobre 2023. La diversité alimentaire s’est effondrée, les prix ont explosé, et les rares camions d’aide ne couvrent qu’une fraction des besoins.
Les témoignages recueillis sur place évoquent des scènes de panique : des enfants blessés dans la cohue, des familles parcourant des kilomètres pour atteindre les centres, et des tirs « pour disperser les foules » selon deux contractants interrogés par l’AP.
La riposte d’Israël : démenti et contre-accusations
Israël, de son côté, rejette en bloc le rapport d’Amnesty, qu’il qualifie de propagande pro-Hamas. Son ministre des Affaires étrangères accuse l’organisation d’avoir « rejoint les forces du Hamas » et nie toute intention génocidaire. L’armée israélienne affirme n’avoir ouvert le feu que sur des individus « au comportement suspect », après des tirs d’avertissement.
Selon le gouvernement israélien, plus de 3 000 camions d’aide sont entrés dans Gaza depuis le 19 mai. La GHF affirme quant à elle avoir distribué plus de 56 millions de repas et se dit prête à coopérer avec d’autres ONG, tout en demandant à l’armée d’enquêter sur les incidents rapportés.
Un dispositif opaque et controversé
Derrière la GHF se cache une structure à la fois évangélique et politique, dirigée par un proche de Donald Trump, dont le financement reste flou malgré une contribution officielle de 30 millions de dollars des États-Unis. La centralisation de l’aide par ce groupe, au détriment des canaux humanitaires onusiens, a été largement dénoncée comme une tentative de contrôle politique et militaire de l’aide.
Des accusations de génocide en cascade
Ce nouveau rapport s’ajoute à une série d’accusations visant Israël depuis le début de sa guerre contre le Hamas. Déjà en 2023, Amnesty parlait de stratégie génocidaire : frappes ciblées contre les infrastructures vitales, blocage de l’aide médicale et alimentaire, destructions massives de logements. La Cour internationale de Justice est saisie par l’Afrique du Sud sur ce point, et la Cour pénale internationale poursuit son enquête pour crimes de guerre.
Israël, État fondé après l’Holocauste, rejette catégoriquement toute qualification de génocide, dénonçant des accusations « antisémites » et politiquement biaisées.
La Rédaction

