Le Cameroun est aujourd’hui le théâtre d’une crise profonde, où les tensions entre le gouvernement central et les groupes séparatistes anglophones persistent depuis des années. Ces derniers revendiquent l’indépendance d’une région qu’ils nomment « Ambazonie », née de la frustration des anglophones face à ce qu’ils considèrent comme une marginalisation culturelle et politique. Chaque 1er octobre, les séparatistes célèbrent cette quête d’indépendance, exacerbant les conflits avec les forces de défense camerounaises, qui tentent de maintenir l’ordre dans un contexte de désobéissance civile croissante.
Cette année, malgré l’arrestation du leader séparatiste Lucas Ayaba Cho en Norvège le 25 septembre, les groupes armés ont maintenu leur détermination à faire entendre leur voix. À travers des actions telles que les « villes fantômes » où les commerces sont fermés sous la menace, des marches clandestines et des enlèvements, ils ont célébré l’anniversaire de leur proclamation d’indépendance. Les principales villes anglophones, comme Bamenda, Buea et Limbe, ont été désertées par crainte de violences, même si les autorités encourageaient la population à vaquer à ses occupations habituelles. À Kumba, le préfet a décidé de sceller les magasins qui n’avaient pas respecté les ordres de confinement, punissant ainsi les commerçants coopérants.
Dans les zones rurales, des défilés clandestins ont eu lieu, avec des vidéos diffusées en ligne montrant des cérémonies de lever de drapeau arborant les couleurs de l’Ambazonie. Les séparatistes ont même pris le contrôle de certaines régions, avec un général autoproclamé qui a tenu des discours enflammés contre le gouvernement.
La situation s’est encore détériorée avec l’enlèvement du sous-préfet de Ndian et d’un employé de mairie par des hommes armés. Les autorités camerounaises ont sollicité l’aide du Nigeria pour retrouver les ravisseurs, mais leurs efforts n’ont pas porté de fruit.
Sisiku Ayuk Tabe, leader autoproclamé de l’Ambazonie, a réaffirmé son soutien à la sécession sur les réseaux sociaux, promettant un avenir radieux pour son peuple. « L’Ambazonie émergera. De l’obscurité de l’emprisonnement à la lumière de la libération, notre peuple l’emportera », a-t-il déclaré. L’activiste Abdul Karim Ali, quant à lui, a affirmé que la liberté est un droit inaliénable des citoyens.
Les tensions ont grimpé dans les régions anglophones, exacerbées par les ordres de confinement. Un premier confinement, début septembre, avait été imposé en guise de protestation contre le système éducatif du pays. En réponse, le gouvernement a renforcé les mesures sécuritaires, entraînant des échanges de tirs dans plusieurs localités. Le climat de peur règne, avec des vidéos menaçantes qui circulent, déclarant que quiconque enfreint les ordres de confinement s’expose à des représailles mortelles. Les gouverneurs des départements concernés ont dû interdire tout rassemblement non déclaré, alors que la population continue de vivre dans l’incertitude, huit ans après le début de la crise anglophone.
La Rédaction

