L’Algérie a décidé de mettre un terme aux évacuations sanitaires de ses citoyens vers la France. Le président Abdelmadjid Tebboune a officialisé cette décision dans une interview au journal L’Opinion, expliquant que les patients algériens seront désormais pris en charge dans le pays ou redirigés vers d’autres destinations médicales.
Cette mesure survient dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes entre Alger et Paris, aggravées par les critiques concernant le coût des soins médicaux accordés aux Algériens dans les hôpitaux français.
Un changement dans les transferts sanitaires
Depuis plusieurs décennies, de nombreux patients algériens, nécessitant des traitements spécialisés, étaient envoyés vers la France, souvent pour des pathologies lourdes. Ces évacuations concernaient des personnalités politiques, des militaires, ainsi que des citoyens ayant besoin de soins indisponibles en Algérie.
Toutefois, lors de l’entretien avec L’Opinion, le président Tebboune a annoncé qu’aucune évacuation sanitaire ne serait désormais financée par l’État algérien en direction de la France. Il a précisé que cette décision visait à éviter toute polémique inutile et à renforcer l’indépendance du système de santé algérien.
Les critiques liées au coût des soins
La décision trouve en partie son origine dans une polémique lancée par des figures de la droite française. Certains responsables politiques avaient évoqué une dette de 45 millions d’euros pour les soins dispensés à des Algériens en France. Le ministre français de la Santé a rapidement rectifié cette somme à 2,5 millions d’euros, soulignant que l’Algérie était un bon payeur. Malgré cette clarification, le débat a ravivé les tensions sur la prise en charge des étrangers dans les hôpitaux français, incitant l’Algérie à réorienter ses patients vers d’autres pays.
De nouvelles options pour les patients algériens
Pour pallier l’arrêt des transferts sanitaires vers la France, le gouvernement algérien a indiqué vouloir se tourner vers d’autres pays, dont la Belgique, l’Italie et la Turquie. En parallèle, l’Algérie travaille à l’amélioration de son infrastructure de santé, avec des investissements dans la modernisation des hôpitaux, la formation de médecins spécialisés et l’acquisition de technologies médicales avancées, afin de réduire les besoins d’évacuation à l’étranger.
Une décision aux enjeux politiques et économiques
Cette rupture ne se limite pas à une question sanitaire ; elle s’inscrit dans un contexte de tensions diplomatiques plus larges entre Alger et Paris, notamment sur des sujets sensibles tels que la mémoire coloniale, les restrictions de visas et les divergences politiques. Par cette décision, l’Algérie réaffirme sa souveraineté et cherche à se défaire d’une dépendance à l’égard de son ancien colonisateur.
Internement, cette mesure pourrait également répondre à une opinion publique de plus en plus critique envers les élites se faisant soigner à l’étranger, alors même que le système de santé national peine à satisfaire les attentes des citoyens.
Un nouveau chapitre dans les relations sanitaires avec la France
Cette fin des transferts sanitaires marque un tournant dans la coopération médicale entre l’Algérie et la France. Bien que cela puisse impacter certains hôpitaux français dépendant des paiements de l’État algérien, cela met également la pression sur les autorités algériennes pour améliorer les soins locaux. La manière dont cette politique sera mise en œuvre dans les années à venir pourrait jouer un rôle crucial dans la redéfinition des relations entre les deux pays, dans un contexte où l’Algérie cherche à se repositionner stratégiquement sur la scène internationale.
La Rédaction