Le retrait des États-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), décidé par le président Donald Trump dès les premières heures de son mandat, secoue les institutions internationales. Avec une Amérique se repliant sur elle-même, l’Afrique se retrouve face à un dilemme majeur : comment assurer sa souveraineté sanitaire dans un contexte mondial de désengagement ?
Une décision qui frappe à la racine
Donald Trump, 47e président des États-Unis, n’a pas perdu de temps. Parmi ses premiers décrets, le retrait de l’OMS a provoqué une onde de choc, notamment en Afrique. En tant que principal contributeur de l’agence, avec une participation atteignant 500 millions de dollars sur un budget de 1,1 milliard, le départ américain fragilise directement les programmes sanitaires essentiels. Pour l’Afrique, où les infrastructures de santé reposent en grande partie sur l’aide internationale, ce retrait équivaut à un séisme sanitaire.
Dans ce contexte, le président américain justifie sa décision par ce qu’il considère comme une inégalité financière : une contribution jugée disproportionnée par rapport à d’autres pays, notamment la Chine. Trump accuse également l’OMS de partialité, dénonçant son rôle présumé en faveur de Pékin au début de la pandémie de Covid-19.
L’Afrique face à un défi sanitaire
La réduction des fonds de l’OMS compromettra inévitablement la lutte contre des maladies endémiques telles que le VIH, Ebola, la mpox, ou encore des pandémies émergentes. Sur un continent où les systèmes de santé sont déjà fragiles, le retrait américain expose davantage les populations les plus vulnérables.
Pour l’Afrique, qui importe la majorité de ses médicaments et dépend des financements internationaux pour la recherche et les soins, la situation met en lumière une vérité glaçante : “les maladies sont au Sud et les traitements au Nord”. Ce déséquilibre, souvent évoqué, devient aujourd’hui un appel urgent à l’action.
La Chine, l’opportuniste bienveillant ?
Dans cette crise, la Chine se positionne en chevalier blanc. Pékin, par la voix de ses représentants, s’est engagé à soutenir l’OMS et à renforcer son rôle. Une déclaration qui n’a pas échappé aux dirigeants africains. Mais derrière ce discours se cache une stratégie claire : capitaliser sur le vide laissé par les États-Unis pour étendre son influence sur le continent.
Cette aide chinoise, bien que bienvenue, pose question. L’Afrique peut-elle se permettre de remplacer une dépendance par une autre ?
Un chemin vers la souveraineté sanitaire
Le retrait américain pourrait néanmoins se transformer en catalyseur pour le continent. Des leaders comme Paul Kagame, président du Rwanda, appellent à une réflexion collective sur l’autonomie sanitaire africaine. En février 2024, il a initié une rencontre entre plusieurs chefs d’État pour envisager des solutions durables.
Le défi est immense, mais les opportunités existent. Développer la production locale de médicaments, investir dans la recherche scientifique et renforcer les partenariats intra-africains sont autant de pistes à explorer. Avec une jeunesse dynamique et innovante, l’Afrique peut transformer cette crise en levier pour son développement.
Un avenir à réinventer
Le désengagement américain de l’OMS illustre une tendance plus large : la montée du nationalisme et le recul du multilatéralisme. Dans un monde où les priorités des grandes puissances se recentrent sur elles-mêmes, l’Afrique doit prendre son destin en main.
En matière de santé, comme dans d’autres domaines, le continent doit innover et bâtir des solutions sur mesure. Car si l’histoire récente a montré une chose, c’est que l’avenir de l’Afrique se jouera entre ses propres mains.
La Rédaction