Les relations entre l’Afrique du Sud et le Rwanda connaissent une nouvelle montée de tensions, ravivées par le conflit dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). Alors que ces deux nations s’affrontent indirectement sur le terrain congolais, leur diplomatie s’envenime, exacerbée par des accusations mutuelles.
Un lourd tribut pour l’Afrique du Sud
Le 23 janvier 2025, un affrontement majeur a éclaté à Goma, dans le Nord-Kivu, entre les rebelles du M23 et les forces soutenues par le Rwanda. Ce combat a eu des conséquences tragiques pour l’Afrique du Sud, qui déplore la perte de 13 soldats, membres de la Mission de l’Afrique de l’Est pour la RDC (SAMIDRC), force régionale à laquelle Pretoria contribue largement. Les soldats sud-africains, engagés sur le front congolais, voient leurs efforts compliqués par des tensions croissantes et une situation de plus en plus incontrôlable.
Des querelles anciennes resurgissent
Les relations entre le Rwanda et l’Afrique du Sud sont chargées d’une longue histoire de différends. Le soutien apporté par Kigali aux rebelles du M23 dans l’est de la RDC a toujours été un point de discorde majeur, renforçant les fractures régionales. L’Afrique du Sud, de son côté, a souvent adopté une position plus modérée, insistant sur l’importance d’une solution diplomatique et régionale, notamment au sein de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC). Cependant, les récentes pertes humaines subies par les forces sud-africaines et la complexité de l’implication de Pretoria sur le terrain mettent à mal cette stratégie.
Un conflit diplomatique qui se durcit
Les tensions entre les deux pays s’expriment désormais sur un terrain diplomatique de plus en plus polarisé. Le Rwanda, accusé de soutenir directement les rebelles du M23, rejette les critiques de l’Afrique du Sud, arguant que cette dernière ignore les réalités locales du conflit. À ses yeux, Pretoria agit de manière disproportionnée et fait preuve d’une incompréhension des causes profondes du soulèvement dans l’est de la RDC. Pour Kigali, soutenir le M23 fait partie d’une lutte légitime face à l’influence de Kinshasa et des forces régionales.
Pour l’Afrique du Sud, la situation est un véritable dilemme. La mission SAMIDRC, censée maintenir la stabilité régionale, se transforme peu à peu en un piège militaire et diplomatique. Pretoria, en s’engageant activement aux côtés de la RDC, se retrouve en position de défendre des intérêts parfois en opposition avec ceux de ses voisins et partenaires africains. Cette ambivalence fait peser une lourde pression sur le gouvernement sud-africain.
Une diplomatie à la croisée des chemins
Alors que le conflit dans l’est de la RDC semble sans fin, les relations entre l’Afrique du Sud et le Rwanda continuent de se tendre. Les critiques mutuelles risquent de nuire à l’effort régional de paix et de stabilité. Le gouvernement sud-africain, pris entre son rôle de médiateur et ses engagements militaires, pourrait se retrouver dans une position de plus en plus isolée, tandis que Kigali, renforcé par son soutien aux rebelles, poursuit sa politique de résistance face à la pression internationale.
À l’avenir, il semble que seul un véritable dialogue entre Pretoria et Kigali pourra faire évoluer la situation. Mais à mesure que le conflit se prolonge, les chances d’une désescalade rapide semblent minces. L’issue du conflit en RDC reste incertaine, et avec elle, les relations entre ces deux puissances africaines.
La Rédaction

