Dans les pâturages africains, un danger circule silencieusement. La fièvre de la Vallée du Rift (FVR) attaque à bas bruit, décimant le bétail et, parfois, affectant l’humain. Sa discrétion ne doit pas masquer sa gravité : elle menace la santé, les moyens de subsistance et l’économie des éleveurs.
Des troupeaux sous pression
Chez les bovins, moutons et chèvres, le virus se manifeste par des avortements massifs, une mortalité élevée des nouveau-nés et une chute drastique de la production laitière. Les éleveurs voient leurs troupeaux affaiblis et subissent des pertes économiques importantes, parfois catastrophiques pour leur exploitation. Les camélidés et autres petits ruminants ne sont pas épargnés, et la propagation rapide du virus peut transformer une ferme prospère en zone de crise sanitaire.
Quand l’homme devient victime
La plupart des humains exposés restent asymptomatiques ou présentent des symptômes similaires à ceux de la grippe. Mais certains développent des complications sévères : atteintes oculaires pouvant conduire à la cécité, inflammation cérébrale ou fièvre hémorragique. Bien que rare, la mortalité peut atteindre 1 %, et les séquelles neurologiques sont fréquentes dans les cas graves. Le virus ne se transmet pas de personne à personne, mais le contact direct avec le sang ou les organes infectés lors de l’élevage ou de l’abattage constitue le principal risque.
Les moustiques, complices invisibles
Plus de cinquante espèces de moustiques sont capables de transmettre le virus. Certaines, comme les Aedes, assurent même la survie du virus d’une génération à l’autre via leurs œufs, garantissant la persistance de la FVR dans l’environnement. Les conditions climatiques – fortes pluies, inondations – créent des terrains parfaits pour ces vecteurs et expliquent le déclenchement d’épidémies cycliques tous les cinq à quinze ans.
Le virus à travers l’histoire
Découvert en 1931 au Kenya, le virus a depuis frappé l’Afrique de l’Est et de l’Ouest, touchant des pays comme le Sénégal, la Mauritanie, le Niger ou Madagascar. Ses épidémies sont souvent imprévisibles et liées à des facteurs environnementaux, mais aussi à la circulation du bétail et aux mouvements humains. Cette résilience et cette capacité à renaître à intervalles réguliers font de la FVR un adversaire redoutable pour la santé animale et humaine.
Protéger bétail et humains
La surveillance vétérinaire et le signalement rapide des animaux infectés sont essentiels pour limiter la propagation. La vaccination constitue l’arme la plus efficace : les vaccins vivants offrent une protection durable, tandis que les vaccins inactivés sont sûrs pour les femelles gestantes mais nécessitent plusieurs doses. Pour l’humain, la prévention repose sur le port de protections, la cuisson complète des produits animaux, le lavage des mains et l’utilisation de moustiquaires ou de répulsifs. La sensibilisation aux risques reste la clé pour protéger les populations.
Une menace silencieuse mais réelle
La fièvre de la Vallée du Rift est invisible, mais elle frappe avec force lorsqu’on la sous-estime. Sa capacité à persister dans la nature, sa transmission par les moustiques et son impact sur le bétail et l’humain en font un virus à surveiller de près. Compréhension, prévention et vigilance sont les seules armes pour éviter que cette menace invisible ne devienne catastrophique.
La Rédaction

