Alors que les automobilistes togolais exprimaient de plus en plus d’inquiétudes quant à la fiabilité des quantités de carburant servies, les autorités ont lancé une vague de contrôles inopinés dans les stations-service de la capitale. Pilotée par l’Agence togolaise de métrologie (ATOMET), cette opération du 11 mars 2025 marque un tournant dans la lutte contre les pratiques commerciales douteuses, en impliquant directement les citoyens dans le choix des stations inspectées.
Une démarche collaborative inédite
Pour la première fois, l’Association togolaise des consommateurs (ATC) a été associée au processus, désignant aléatoirement 11 stations à vérifier dans le Grand Lomé. Cette collaboration entre institutions et citoyens vise à renforcer la transparence, alors que des rumeurs de fraudes aux compteurs circulaient depuis des mois. « Les consommateurs doivent être acteurs de leur propre protection. Leur implication garantit l’impartialité des contrôles », souligne un membre de l’ATC sous couvert d’anonymat.
Deux stations épinglées, un signal fort
Sur les 11 sites inspectés, deux présentaient des anomalies majeures sur leurs pompes à essence, confirmant ainsi les soupçons des usagers. Les distributeurs incriminés ont été immédiatement mis hors service, une décision applaudie par les automobilistes présents. « Voir les autorités agir concrètement redonne foi dans le système », témoigne Koffi, chauffeur de taxi.
Selon Bébéi Bataba, directeur de l’ATOMET, ces dysfonctionnements pourraient être dus à un manque de maintenance ou à des manipulations intentionnelles. Les propriétaires des stations concernées risquent désormais des amendes pouvant atteindre 5 millions de FCFA, en plus des frais de recalibrage des équipements sous supervision étatique.
Une surveillance appelée à s’étendre
Cette opération n’est que le début d’un plan national : d’ici fin 2025, toutes les régions du Togo seront passées au crible. Laré Botre, président de la Haute Autorité de la Qualité et de l’Environnement (HAUQE), insiste sur l’aspect dissuasif de ces contrôles : « Chaque fraude détectée affaiblit l’économie locale. Notre vigilance sera permanente. »
Des enjeux économiques et sociaux majeurs
Au-delà des aspects techniques, cette campagne répond à une crise de confiance qui pesait sur le secteur. Au Togo, où le carburant représente jusqu’à 30 % du budget des ménages modestes, même une légère erreur de jauge peut avoir des conséquences lourdes. « Un écart de 2 % sur une pompe équivaut à voler l’équivalent d’un plein mensuel à un motocycliste en un an », estime une économiste locale.
Les consommateurs appelés à la vigilance
Les autorités encouragent désormais les usagers à signaler toute suspicion via une plateforme dédiée, promettant un traitement sous 72 heures. La transparence ne se décrète pas, elle se construit par l’engagement de tous.
Cette initiative place le Togo parmi les pays ouest-africains les plus actifs en matière de protection des consommateurs. À l’image du Ghana voisin, où des contrôles similaires ont réduit les litiges de 40 % depuis 2023, le pays affiche désormais sa détermination à garantir une distribution équitable du carburant.
La Rédaction