Depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre 2024, la Syrie n’a pas connu le répit qu’espérait une grande partie de sa population. À la tête d’un pays brisé, Ahmad el-Chareh, ancien chef rebelle devenu président par intérim, tente tant bien que mal de maintenir à flot une nation exsangue, vidée de ses ressources, fracturée par les divisions et asséchée par les sanctions.
Un État sans liquidités
La première urgence, et non la moindre, est économique. Les caisses sont vides. La Banque centrale syrienne ne dispose plus des réserves suffisantes pour stabiliser la livre syrienne, dont la valeur continue de s’effondrer. Le prix des denrées de base a doublé en quelques mois, et les subventions d’État ont disparu dans la tourmente. Pour les Syriens, c’est un quotidien rythmé par la pénurie d’électricité, la hausse vertigineuse du coût de la vie, et l’absence de services publics.
Violences persistantes et tensions communautaires
Mais les difficultés d’el-Chareh ne s’arrêtent pas là. En mars 2025, des violences intercommunautaires ont éclaté dans l’ouest du pays, avec un bilan effroyable : plusieurs centaines de civils, principalement issus de la communauté alaouite, ont été massacrés. Ces tensions ont ravivé les pires souvenirs de la guerre civile et mis en lumière la fragilité d’un pays où les cicatrices de la dictature et du conflit sont encore béantes.
Le pari fragile de l’unité
Face à ce chaos, el-Chareh appelle à l’unité nationale. Dans ses discours, il promet la réconciliation, un dialogue inclusif, et une reconstruction progressive. Mais ses marges de manœuvre sont limitées : aucun consensus politique ne s’impose, l’armée reste divisée, et les milices autonomes pullulent. Les partenaires internationaux se montrent frileux, redoutant que l’instabilité ne déborde à nouveau au-delà des frontières syriennes.
Une présidence en sursis
El-Chareh, porté par un espoir de changement, risque aujourd’hui de devenir l’homme des désillusions. À moins d’un soutien extérieur massif qui tarde à venir et d’une refonte complète de l’administration et des institutions, sa présidence pourrait bien se limiter à un intérim sans lendemain. Dans les rues de Damas, certains murmurent déjà que la Syrie a changé de visage, mais pas de destin.
La Rédaction

