Quand un film devenait une arme contre le pouvoir
Dans le Sénégal des années 1970, Sembène Ousmane, considéré comme le père du cinéma africain, signe “Ceddo”, un film qui dénonce la montée de l’autorité religieuse et politique sur les traditions et la liberté individuelle. L’œuvre raconte l’histoire de populations rurales confrontées à la conversion forcée à l’islam et à la christianisation, illustrant les tensions entre coutumes ancestrales et pouvoir central.
Le film met en scène des personnages attachants, des villageois aux dirigeants corrompus, dans des décors authentiques de villages sénégalais. Chaque plan respire l’atmosphère du temps, avec ses conflits internes et ses résistances silencieuses. Les spectateurs ressentent l’angoisse, la colère et la détermination des populations face aux pressions religieuses et politiques.
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Un scandale cinématographique et politique
La sortie de “Ceddo” provoque un véritable scandale. Les autorités censurent l’œuvre, craignant que son contenu critique ne déstabilise le gouvernement et la cohésion sociale. Sembène Ousmane se bat pour que son film soit projeté, utilisant le cinéma comme moyen de résistance et de réflexion politique. Les débats autour de sa projection divisent la société : d’un côté les traditionalistes et le pouvoir en place, de l’autre les intellectuels, étudiants et cinéphiles qui soutiennent le message du réalisateur.
Un symbole de liberté artistique et d’engagement
Au-delà de l’histoire racontée dans “Ceddo”, l’affaire illustre le rôle du cinéma comme outil de contestation et de questionnement du pouvoir. Le combat de Sembène montre que l’art peut devenir un vecteur d’influence, capable de provoquer débats et polémiques, tout en mettant en lumière la difficulté pour les artistes africains de dénoncer les injustices dans un contexte politique répressif. Le réalisateur incarne un courage intellectuel rare, mêlant créativité et militantisme.
Héritage et impact durable
Aujourd’hui, “Ceddo” est étudié dans les écoles de cinéma et les facultés d’histoire africaine comme un exemple majeur de film politique. Il symbolise la lutte pour la liberté d’expression sur le continent et l’engagement de Sembène pour une Afrique consciente de ses traditions et de ses défis contemporains. Les projections actuelles dans des festivals internationaux rappellent encore la force du cinéma engagé et la pertinence des thèmes abordés, presque cinquante ans après sa création.
La Rédaction
Sources et références :
• Cinémathèque africaine – archives sur le cinéma sénégalais et africain
• Études universitaires sur le cinéma politique africain
• Ouvrages et analyses critiques sur Sembène Ousmane, dont Sembène Ousmane: A Father of African Cinema

