C’est une première historique qui bouscule les équilibres traditionnels : Shirley Ayorkor Botchwey vient de prendre ses fonctions en tant que Secrétaire générale du Commonwealth. Une nomination hautement symbolique pour cette ancienne ministre ghanéenne des Affaires étrangères, désormais première femme africaine à occuper ce poste stratégique. Derrière cette ascension se dessine une nouvelle ère pour une organisation souvent perçue comme figée dans ses héritages.
À 62 ans, Shirley Botchwey n’est pas une novice des arènes diplomatiques. Ministre des Affaires étrangères pendant huit ans sous la présidence de Nana Akufo-Addo, elle a marqué la scène ouest-africaine par son rôle au sein de la CEDEAO, son passage au Conseil de sécurité de l’ONU et son plaidoyer constant pour une Afrique actrice de son destin. Son parcours, à la croisée des enjeux régionaux et des forums multilatéraux, fait d’elle une figure de consensus autant qu’une voix ferme.
Mais son arrivée à la tête du Commonwealth qui regroupe 56 États membres, principalement d’anciennes colonies britanniques n’est pas qu’un symbole. Elle cristallise une attente : celle d’un rééquilibrage géopolitique. L’Afrique, forte de ses 21 membres dans l’organisation, aspirait depuis longtemps à une reconnaissance politique à la hauteur de son poids démographique et stratégique. Avec Shirley Botchwey, cette aspiration prend forme.
Sa nomination intervient dans un contexte de recomposition mondiale, où le Commonwealth peine à définir son rôle face aux tensions croissantes entre grandes puissances, aux défis climatiques et aux inégalités persistantes entre Nord et Sud. La nouvelle secrétaire générale hérite d’un mandat délicat : revivifier une organisation critiquée pour son manque d’audace, tout en défendant ses valeurs fondatrices démocratie, droits humains, coopération dans un monde de plus en plus fragmenté.
Shirley Botchwey, dans ses premières déclarations, a promis de « redonner un sens concret aux principes du Commonwealth », en s’appuyant sur la jeunesse, la justice sociale et la résilience économique. Des mots forts, qui sonnent comme un programme. Reste à voir si la diplomate ghanéenne saura imprimer un tournant durable à une institution en quête de pertinence.
En attendant, son arrivée marque une rupture. Pour la première fois, une femme africaine incarne l’universalité proclamée par le Commonwealth. Et cela, déjà, change la donne.
La Rédaction

