Depuis plusieurs semaines, le président camerounais Paul Biya, âgé de 91 ans, est absent de la scène publique, suscitant des spéculations sur sa santé fragile. Une nouvelle hospitalisation à l’étranger semble imminente, relançant les débats sur l’avenir politique du pays. Si les Camerounais ne s’étonnent plus de ses fréquents séjours médicaux à l’étranger, cette absence prolongée accentue la question sensible de sa succession.
Un pouvoir silencieux
Au Cameroun, la discrétion entoure souvent l’état de santé du président, ce qui agace une partie de la population. Saint Eloi Bidoung, ancien membre influent du parti au pouvoir, dénonce ce manque de transparence : « Le peuple mérite de savoir ce qui se passe. Un dirigeant absent affaiblit la confiance dans les institutions. » Ce silence alimente un sentiment d’impuissance face à un pouvoir qui semble opérer « derrière les rideaux ».
Michèle Ndoki, figure de l’opposition, s’est également exprimée, appelant Paul Biya à ne pas briguer un autre mandat, un message qui résonne dans un pays où le chef de l’État est en poste depuis plus de quatre décennies.
L’après Biya : une guerre larvée
La dernière apparition publique de Paul Biya remonte à plusieurs semaines, lors d’un sommet international. Depuis, ses absences récurrentes ont exacerbé les tensions internes au sein du gouvernement et du parti. L’étudiante en droit Clarisse Yindou résume la situation : « L’incertitude plane sur l’après Biya, mais le vide laissé par son absence crée une instabilité inquiétante. »
Les luttes intestines au sein de l’appareil d’État sont devenues plus visibles, provoquant un blocage des réformes et une stagnation des projets d’infrastructure. La bureaucratie semble paralysée, aggravée par le manque de leadership au sommet.
Un bilan contrasté
L’ère Biya, qui s’étend sur plus de quarante ans, est marquée par des avancées et des reculs. Saint Eloi Bidoung critique sévèrement la gouvernance actuelle, estimant que le président a échoué dans son entreprise de démocratisation du pays : « Les promesses de réformes n’ont jamais été tenues. Le pays reste enlisé dans une impasse politique. »
Beaucoup de Camerounais voient dans ces absences prolongées une stratégie pour préparer une éventuelle reconduction du président en 2025, malgré son âge avancé. Mais pour une grande partie de la population, il est temps de tourner la page. Un désir de changement se fait sentir, exprimé par un besoin d’ouverture démocratique et de renouveau politique.
Alors que le Cameroun se retrouve une fois de plus dans l’incertitude, la question de la succession de Paul Biya devient de plus en plus pressante. Le pays semble prêt à entrer dans une nouvelle ère, mais cette transition, si elle n’est pas bien préparée, pourrait plonger la nation dans des luttes de pouvoir destructrices.
La Rédaction

