La population du Nigeria connaît une croissance fulgurante, propulsée par une jeunesse massive et des traditions familiales solidement enracinées. D’ici 2050, le pays pourrait devenir la troisième nation la plus peuplée du monde, devant les États-Unis, selon les projections des Nations unies. Mais cette explosion démographique s’accompagne de défis majeurs, notamment en matière d’éducation, d’emploi et de sécurité alimentaire.
Une jeunesse qui façonne le futur du pays
À travers les rues animées d’Abuja ou dans les villages reculés, les familles nigérianes vivent au rythme d’une natalité élevée. Avec un taux moyen de 5,5 enfants par femme et une espérance de vie de 53 ans, la jeunesse constitue l’épine dorsale de la société. Les traditions valorisant la descendance, le faible recours à la contraception et la diminution progressive de la mortalité infantile expliquent cette croissance rapide. Pourtant, les politiques publiques en matière de planification familiale peinent à inverser cette tendance.
La pression culturelle est palpable : dans certaines régions, une femme sans fils peut voir sa position sociale fragilisée, encourageant les familles à poursuivre les naissances dans l’espoir d’avoir un garçon.
Des défis éducatifs et professionnels colossaux
Chaque année, près de 600 000 diplômés quittent les universités nigérianes, mais l’économie peine à absorber cette main-d’œuvre. Le chômage touche plus d’un tiers de la population active, et 17 % des chômeurs possèdent un diplôme supérieur. Selon la Banque mondiale, le Nigeria devrait créer 2,5 millions d’emplois par an pour suivre le rythme de sa croissance démographique, un objectif encore loin d’être atteint.
Dans ce contexte, de nombreuses familles privilégient l’enseignement privé, perçu comme une assurance pour l’avenir de leurs enfants. L’école publique, souvent surchargée et sous-financée, peine à offrir une éducation de qualité, notamment pour les filles, malgré les preuves que l’instruction féminine pourrait contribuer à réduire la fécondité et ralentir la croissance démographique.
Sécurité alimentaire et dépendance aux importations
Malgré une majorité de population rurale et plus de 70 % des Nigérians actifs dans l’agriculture, le pays importe chaque année plus de 20 milliards d’euros de nourriture. Cette dépendance rend le Nigeria vulnérable aux fluctuations des marchés mondiaux. En 2022, plus de 19 millions de personnes ont souffert d’insécurité alimentaire, un chiffre qui pourrait s’aggraver avec la croissance continue de la population.
Les initiatives pour renforcer l’agriculture, comme le programme « Nourrir le pays » lancé par l’ancien président Obasanjo, n’ont jamais atteint leur plein potentiel. La pandémie de Covid-19, combinée à l’insécurité croissante dans les campagnes et aux violences ciblant les agriculteurs, a encore compliqué la production locale.
Transformer un défi en opportunité
Le Nigeria se trouve à un carrefour historique : sa démographie galopante peut devenir un atout majeur s’il parvient à investir dans l’éducation, l’emploi et l’agriculture. Sans ces transformations, la population massive risque de devenir un fardeau social plutôt qu’une force économique.
La Rédaction

