Le régime militaire nigérien poursuit sa réorganisation institutionnelle. Un nouveau Conseil consultatif de la Refondation (CCR) a été installé pour remplacer l’Assemblée nationale dissoute à la suite du coup d’État ayant renversé le président élu Mohamed Bazoum en juillet 2023. La cérémonie officielle, retransmise par la télévision d’État, marque une nouvelle étape dans l’exercice du pouvoir par la junte dirigée par le général Abdourahamane Tiani.
Créé par ordonnance présidentielle, le CCR regroupe 194 membres issus des huit régions du pays ou nommés directement par le pouvoir militaire. Ces civils et militaires ne disposent d’aucun pouvoir législatif, mais sont chargés de formuler des avis sur des sujets majeurs de la vie nationale. Ils peuvent également soumettre des recommandations au chef de l’État militaire. Présidé par Mamoudou Harouna Djingarey, ancien haut fonctionnaire des Nations unies, ce conseil entend accompagner le processus de « refondation » des institutions.
« La refondation d’un pays est un exercice exigeant, mais elle porte toujours ses fruits chez les peuples résilients », a affirmé Djingarey lors de son allocution. Le ministre de l’Intérieur, le général Mohamed Toumba, a, quant à lui, exhorté les conseillers à agir dans « l’intérêt supérieur du pays », évoquant notamment la persistance de la menace jihadiste dans l’ouest et le sud-est du territoire.
La cérémonie d’installation s’est déroulée en présence de figures parlementaires de plusieurs États de la région. Étaient notamment présents les présidents des assemblées du Burkina Faso, du Mali, du Tchad et du Ghana. Une présence symbolique qui confirme le renforcement des alliances régionales entre régimes militaires, à l’image de l’Alliance des États du Sahel (AES), coalition créée avec le Mali et le Burkina Faso pour faire front commun contre les groupes armés et revendiquer une souveraineté renforcée face à l’influence étrangère.
Depuis 2015, le Niger subit régulièrement des attaques jihadistes, particulièrement dans les zones frontalières du Mali et du Nigeria. Dans ce contexte, la création du CCR s’inscrit dans une stratégie plus large de consolidation du pouvoir militaire, mais interroge sur l’avenir démocratique du pays, toujours sans calendrier de transition.
La Rédaction

