A Pékin, une rencontre inattendue a eu lieu entre le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, fraîchement réélu en juin 2024, et Assimi Goïta, président de la transition malienne. Cette réunion marquait le premier échange direct entre les deux chefs d’État après plusieurs mois de tensions diplomatiques, une situation qui avait plongé les relations entre les deux pays dans une impasse.
Une rencontre pour apaiser les tensions
Le Forum sur la coopération sino-africaine (Focac), organisé en Chine, a été le théâtre de cette reprise de dialogue entre les dirigeants des deux pays, dont les relations s’étaient considérablement détériorées. L’atmosphère entre les deux chefs d’État était devenue glaciale, alimentée par des désaccords politiques et sécuritaires. Jusqu’à cette rencontre, rien ne laissait présager un rapprochement entre Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani et Assimi Goïta.
Cependant, face à l’escalade des tensions entre le Mali et l’Algérie, incarnée par les relations de plus en plus hostiles avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune, Goïta a choisi de tendre la main à son voisin mauritanien. Ce dernier a longtemps joué un rôle de médiateur et d’allié, notamment lors des sanctions sévères imposées au Mali par la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest). La Mauritanie, bien qu’elle ne soit pas membre de cette organisation, avait contribué à alléger les pressions subies par le Mali en maintenant des échanges commerciaux et en favorisant la diplomatie régionale.
Une relation stratégique à revitaliser
Le Mali et la Mauritanie partagent une longue frontière et entretiennent des relations étroites, tant sur le plan sécuritaire qu’économique. La situation instable dans la région sahélienne, marquée par la présence de groupes armés djihadistes, rend la coopération entre les deux pays indispensable pour assurer la sécurité et la stabilité de leurs populations. Leurs armées coopèrent également dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, un enjeu crucial pour les deux nations qui font face à des menaces constantes de la part d’Al-Qaïda et du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM).
Toutefois, les divergences politiques, notamment sur la gestion de la crise au Sahel, avaient rendu la communication entre les deux États presque inexistante ces derniers mois. La rencontre à Pékin semble être une tentative de relancer cette coopération stratégique, dans un contexte où les deux pays font face à des pressions régionales croissantes.
Les enjeux de la normalisation des relations
Cette réconciliation entre les deux chefs d’État pourrait avoir des répercussions importantes sur la scène régionale. Pour Assimi Goïta, renforcer les liens avec la Mauritanie est un moyen de compenser les frictions avec l’Algérie, qui s’est récemment éloignée de Bamako. La Mauritanie, de son côté, a tout intérêt à maintenir des relations apaisées avec le Mali, notamment en raison de leur interdépendance économique et des enjeux de sécurité partagés.
En outre, cette rencontre a lieu dans un contexte de redéfinition des alliances africaines, où la Chine joue un rôle de plus en plus important. En se réunissant en marge du Forum sur la coopération sino-africaine, les deux présidents montrent leur volonté de s’inscrire dans cette dynamique tout en réaffirmant leurs relations bilatérales.
La rencontre entre Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani et Assimi Goïta marque un tournant dans les relations entre la Mauritanie et le Mali. Si elle ne résout pas immédiatement les divergences passées, elle ouvre la voie à une reprise du dialogue et à une coopération plus étroite. Dans un Sahel en proie à l’insécurité, cette réconciliation pourrait être un facteur clé pour le maintien de la stabilité dans la région.
La Rédaction