Les célèbres îles aux chats du Japon, comme Aoshima et Tashirojima, fascinent par leur population féline bien plus nombreuse que leurs rares habitants humains. Autrefois prospères, ces îles sont aujourd’hui au bord de l’extinction. Le vieillissement de la population, l’absence de nouvelles générations de chats et les défis liés à la préservation de ces territoires uniques menacent leur existence même.
Aoshima : une île féline à l’agonie
Sur Aoshima, minuscule île de la préfecture d’Ehime, le nombre d’humains s’est réduit à quatre résidents, contre environ 80 chats. Jadis peuplée de 900 habitants dans les années 1940, cette île a vu sa population humaine s’effondrer en quelques décennies. Les chats, initialement introduits pour lutter contre les rongeurs sur les bateaux de pêche, ont pris le contrôle du territoire. Mais aujourd’hui, leur avenir est incertain.
Depuis 2018, aucun nouveau chaton n’a vu le jour sur l’île. Tous les félins présents sont âgés de plus de sept ans, et la seule personne qui s’en occupe encore, une femme de 73 ans surnommée la “Maman des Chats”, s’inquiète de leur devenir. « Quand je ne serai plus là, que deviendront-ils ? » confie-t-elle, consciente que sans présence humaine, Aoshima cessera d’être une île aux chats.
Tashirojima : un sanctuaire félin sous pression
Tashirojima, située dans la préfecture de Miyagi, a un lien encore plus profond avec ses chats. Selon les croyances locales, les félins sont des porte-bonheur pour les pêcheurs, et leur protection est une tradition qui remonte à l’époque d’Edo. L’île abrite même un sanctuaire dédié aux chats, le Neko-jinja, et interdit la présence de chiens pour préserver son écosystème félin.
Mais ici aussi, l’équilibre est fragile. La population humaine a chuté de 1 000 habitants en 1950 à seulement 80 aujourd’hui, et 83 % des résidents sont des personnes âgées. Désignée comme un “village terminal” (genkai-shūraku), l’île est confrontée à une disparition quasi inévitable si aucune solution n’est trouvée.
Le paradoxe du tourisme félin
Le succès de ces îles sur les réseaux sociaux a attiré un flot de visiteurs, venus du monde entier pour photographier ces colonies de chats. Mais cet afflux pose problème : les ressources des îles sont limitées, et la gestion de la nourriture, des soins vétérinaires et du bien-être des animaux devient un défi quotidien.
Des programmes de stérilisation ont été mis en place, et des vétérinaires se déplacent régulièrement pour veiller à la santé des félins. Mais ces efforts suffiront-ils à empêcher la disparition de ces havres félins ?
Un avenir incertain
Si rien n’est fait, les îles aux chats pourraient bientôt ne plus être qu’un souvenir. Aoshima risque de perdre son statut d’île féline d’ici deux ans, tandis que Tashirojima lutte pour maintenir ses traditions face à une population humaine en déclin.
Ces îles, autrefois synonymes de sérénité et de cohabitation entre l’homme et l’animal, sont aujourd’hui en sursis. L’avenir des derniers chats d’Aoshima et de Tashirojima dépendra de la capacité du Japon à réconcilier préservation culturelle et réalités démographiques.
La Rédaction

