L’heure est grave à Téhéran. Ce 18 juin 2025, après quatre jours de silence, le guide suprême Ali Khamenei est réapparu à la télévision pour prononcer un discours lourd de menaces. Face aux frappes israéliennes sur le sol iranien et aux soupçons d’implication américaine, il a martelé : « L’Iran ne capitulera jamais. » Une déclaration suivie d’un avertissement direct aux États-Unis : toute intervention militaire de leur part entraînera des « dommages irréparables ».
Une ligne rouge pour contenir l’Occident
Ce type de menace n’est pas nouveau dans la rhétorique iranienne. Mais son intensité et son timing — au cœur d’une flambée régionale — en disent long. L’objectif est clair : tracer une limite à ne pas franchir pour Washington, alors que les États-Unis restent le principal allié militaire d’Israël.
Khamenei, fidèle à sa stratégie de dissuasion psychologique, cherche à renforcer la perception du coût d’une implication américaine directe. L’expression « dommages irréparables » est pensée comme un signal, pas une annonce de guerre imminente.
Une guerre que l’Iran ne peut pas se permettre
En réalité, l’Iran sait qu’un affrontement direct avec les États-Unis serait catastrophique. Ses capacités militaires restent limitées face à la puissance de feu américaine. Le régime privilégie donc l’action indirecte via ses alliés régionaux — Hezbollah, milices chiites, Houthis — capables de frapper les intérêts américains sans que Téhéran ne soit tenu pour responsable directement.
Posture ferme ou provocation maîtrisée ?
Khamenei n’en est pas à sa première menace. Mais dans un contexte où Israël multiplie les frappes et où la tension ne cesse de monter, chaque mot prend un poids particulier. Il s’agit de montrer la fermeté du régime, tout en maintenant un équilibre fragile : suffisamment de menace pour dissuader, sans déclencher une guerre frontale.
Ce discours s’adresse aussi à l’intérieur du pays. En période de sanctions, d’isolement diplomatique et de crise économique, la posture de défi permet de renforcer le pilier idéologique de la République islamique : l’Iran ne pliera jamais, même sous pression maximale.
L’ombre américaine, toujours centrale
Washington n’a, pour l’instant, pas répondu frontalement à cette déclaration. Mais la Maison Blanche suit de près l’évolution du conflit. L’administration Biden, qui cherche à éviter un embrasement régional, doit désormais composer avec un Iran plus audacieux verbalement, et un Israël qui joue la carte de l’offensive préventive.
La menace de Khamenei n’est pas un hasard ni une sortie isolée. Elle s’inscrit dans une stratégie de dissuasion visant autant l’extérieur que l’opinion publique iranienne. L’Iran joue avec le feu — mais sans vouloir y plonger. À ce stade, la guerre des mots continue, et c’est précisément ce qui la rend si dangereuse.
La Rédaction

