Paul Biya, président du Cameroun depuis 1982, détient un record en Afrique, non seulement en termes de longévité au pouvoir, mais aussi d’âge. Avec plus de 40 ans de règne, il incarne une figure politique dominante qui, au fil des décennies, a façonné la politique du pays. En 2025, Biya a 92 ans, ce qui en fait l’un des plus anciens dirigeants du monde. Ce double cumul — en âge et en longévité au pouvoir — fait de lui une figure centrale mais aussi une source de tension politique, notamment à l’aube d’une transition incertaine.
Un pouvoir de plus de 40 ans : stabilité ou stagnation ?
Le pouvoir de Paul Biya, au-delà de sa longévité exceptionnelle, s’est caractérisé par un contrôle sans partage. Tandis qu’il se présente comme un garant de stabilité pour le Cameroun, de nombreux analystes et opposants affirment que sa longue présidence a plongé le pays dans une stagnation économique et politique, marquée par des tensions régionales croissantes, notamment dans les régions anglophones. Biya est souvent perçu comme un dirigeant dont le pouvoir a été renforcé par un système de clientélisme et une résistance au changement, en dépit des demandes populaires de réformes.
Succession : entre héritage et ambitions
L’après-Biya semble incertain. Le pouvoir reste concentré entre les mains de quelques figures clés, dont Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence, et Franck Biya, le fils du président. Si Ngoh Ngoh se positionne habilement comme le principal successeur en manœuvrant dans l’ombre, Franck Biya reste discret, mais son nom est de plus en plus évoqué comme un héritier potentiel du pouvoir, ce qui ravive les questions de dynastie politique.
En parallèle, Joseph Dion Ngute, Premier ministre, cherche à tirer son épingle du jeu en se positionnant comme un leader indépendant, mais ses chances de succéder à Biya semblent limitées par l’omniprésence du système en place.
Une opposition fragmentée mais déterminée
L’opposition camerounaise, bien que fragmentée, garde des ambitions pour l’avenir. Maurice Kamto, le leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), est l’un des visages les plus connus du défi politique à Biya. Cependant, la question de sa légitimité et de son soutien populaire reste en suspens. De son côté, Cabral Libii, jeune et dynamique, séduit une jeunesse en quête de changement, tandis que Joshua Osih cherche à toucher une population urbaine plus modérée. Ces figures de l’opposition ont du mal à unifier leurs forces et à rivaliser face à un pouvoir aussi enraciné.
Les élections : un enjeu capital pour l’avenir du Cameroun
Le grand défi à venir sera l’organisation d’élections crédibles et transparentes. La direction d’Elecam (Élections Cameroun) par Enow Abrams Egbe, accusé de partialité, pourrait bien compliquer la légitimité des élections à venir. Si ces dernières ne sont pas perçues comme justes, elles risquent de mettre le pays dans une situation de crise prolongée.
L’influence de la diaspora et de l’Église : des acteurs influents dans la transition
La diaspora camerounaise, particulièrement avec des mouvements comme la Brigade anti-sardinards (BAS), continue de jouer un rôle clé dans la contestation du pouvoir en place. Cette force pourrait avoir un poids déterminant dans le discours politique national et international. D’autre part, l’Église catholique, qui a traditionnellement soutenu Biya, pourrait également jouer un rôle dans le soutien ou la contestation du processus de succession, selon les positions de ses différents représentants.
La crise anglophone : un défi de taille pour l’après-Biya
La crise anglophone, qui dure depuis plusieurs années, demeure l’une des questions les plus épineuses pour le Cameroun. Le futur successeur de Biya devra impérativement trouver une solution durable à cette guerre civile, sous peine de voir le pays sombrer dans un conflit prolongé qui pourrait déstabiliser toute la région.
La Rédaction

