Une enquête judiciaire déclenchée face aux appels à la violence sur les réseaux sociaux
Une procédure judiciaire a été engagée au Burkina Faso suite à la prolifération de messages appelant à « l’extermination » des Peuls sur les plateformes numériques. Cette communauté, régulièrement stigmatisée pour une prétendue affiliation avec les groupes armés terroristes opérant dans la région sahélienne, fait face à une recrudescence de violences qui s’inscrit dans un contexte déjà marqué par de récents massacres, notamment à Solenzo dans l’ouest du pays.
Une mobilisation des autorités judiciaires contre les discours haineux
Le procureur du tribunal de grande instance de Ouagadougou, Blaise Bazié, a confirmé que des messages incitant explicitement à la violence ont connu une diffusion massive sur Facebook. Sans mention directe d’un groupe ethnique spécifique, ces publications visaient néanmoins clairement la communauté peule, fréquemment accusée de collusion avec les groupes djihadistes.
« Des investigations approfondies sont actuellement menées pour identifier et traduire en justice les auteurs de ces contenus haineux, » a précisé le procureur Bazié, rappelant que ces actes sont passibles d’emprisonnement pour incitation à la violence. Ces messages constituent, selon les autorités, une menace directe pour la stabilité sociale et l’unité nationale.
Le drame de Solenzo et ses répercussions sur les tensions intercommunautaires
Cette situation intervient dans le sillage de la diffusion récente d’images documentant des atrocités perpétrées contre des civils peuls à Solenzo. Ces exactions, attribuées par certaines sources aux forces armées burkinabè et à leurs auxiliaires civils, ont été formellement démenties par les autorités militaires. Néanmoins, ces événements ont provoqué une onde de choc internationale et alimenté un cycle dangereux de stigmatisation et d’appels à la vengeance contre cette communauté.
L’Organisation des Nations Unies et plusieurs ONG de défense des droits humains ont exprimé leur profonde préoccupation face à ces événements qu’ils qualifient de violations graves du droit international humanitaire. Adama Dieng, envoyé spécial de l’Union africaine pour la prévention du génocide, a fermement condamné ces violences en soulignant l’impératif de protection des populations civiles, particulièrement des enfants, victimes innocentes de ces exactions.
Un pays fragilisé par l’insécurité persistante
Le Burkina Faso traverse une crise sécuritaire majeure depuis 2015, marquée par la multiplication d’attaques terroristes ayant causé plus de 26 000 victimes, dont une proportion significative depuis la prise de pouvoir militaire de 2022. Sous l’autorité du capitaine Ibrahim Traoré, le gouvernement de transition s’est engagé à rétablir la sécurité sur l’ensemble du territoire, mais le pays demeure confronté à une instabilité chronique, avec des violences de plus en plus ciblées contre certaines communautés.
Face à cette situation explosive, les autorités burkinabè intensifient leurs efforts pour contenir l’escalade des tensions intercommunautaires, conscientes que la fragmentation sociale constitue un facteur aggravant de déstabilisation. Cette enquête sur les discours incitant à la violence s’inscrit dans une stratégie plus large visant à endiguer la propagation de la haine et à garantir la protection des droits fondamentaux de tous les citoyens, particulièrement des groupes vulnérables comme la communauté peule.
L’enjeu dépasse désormais le cadre sécuritaire pour toucher à la cohésion nationale et à la préservation du tissu social burkinabè, mis à rude épreuve par années de violence.
La Rédaction

