Récapitulatif des sept années de souffrances
Au Myanmar, la situation des musulmans rohingyas, déjà désastreuse, connaît une nouvelle intensification des violences. Depuis la campagne militaire brutale de 2017 qui avait forcé plus de 750 000 Rohingyas à fuir vers le Bangladesh, ces derniers subissent à nouveau des attaques systématiques de la part de l’armée birmane, a alerté Human Rights Watch. Le 25 août 2024 marquera le septième anniversaire de cette campagne de terreur, marquée par des massacres, des viols et des incendies de villages entiers dans l’État de Rakhine.
Escalade des violences en 2024
Au cours des derniers mois, les forces armées birmanes, appuyées par l’Armée d’Arakan, ont intensifié leurs offensives contre les communautés rohingyas dans l’État de Rakhine. Selon des témoignages recueillis, près de 200 personnes ont été tuées le 5 août lors de frappes aériennes sur des civils en fuite à Maungdaw, une ville proche de la frontière bangladaise. Actuellement, environ 630 000 Rohingyas restent piégés au Myanmar, vivant sous un régime d’apartheid qui les rend extrêmement vulnérables face à ces nouvelles vagues de violences.
Des atrocités qui rappellent 2017
Les exactions actuelles rappellent tristement les événements de 2017, selon Elaine Pearson, directrice de la division Asie à Human Rights Watch. Elle dénonce des massacres, des incendies et des déplacements forcés, obligeant des milliers de Rohingyas à fuir leurs foyers sans aucun refuge sûr. Depuis novembre 2023, le conflit a déjà provoqué le déplacement de plus de 320 000 personnes dans les États de Rakhine et de Chin.
Blocage de l’aide humanitaire : une punition collective
En parallèle, la junte militaire continue de bloquer l’aide humanitaire, exacerbant la crise humanitaire. Cette stratégie de punition collective, en violation flagrante du droit international, défie la résolution de 2022 du Conseil de sécurité des Nations Unies et le consensus en cinq points établi en 2021 par l’ASEAN.
Conditions de vie difficiles au Bangladesh
Pendant ce temps, les Rohingyas réfugiés au Bangladesh, notamment dans les camps surpeuplés de Cox’s Bazar, font face à des conditions de vie de plus en plus précaires. La violence y est également en augmentation, avec des gangs criminels et des groupes armés multipliant les meurtres, les enlèvements, les recrutements forcés et les extorsions. Les autorités bangladaises, de leur côté, peinent à offrir aux réfugiés la protection et les services essentiels tels que l’éducation, les moyens de subsistance ou la liberté de mouvement.
Développements juridiques : un espoir pour la justice ?
Sur le plan juridique, des avancées notables ont eu lieu. En juillet, la Cour internationale de justice (CIJ) a accepté les interventions de sept gouvernements dans le cadre de l’affaire intentée par la Gambie contre le Myanmar en vertu de la Convention sur le génocide. Les audiences devraient débuter en 2025. Par ailleurs, la Cour pénale internationale (CPI) poursuit son enquête, bien que celle-ci se limite aux crimes commis sur le territoire bangladais, le Myanmar n’étant pas membre de la CPI.
La situation des Rohingyas au Myanmar reste désespérément précaire, avec une recrudescence des violences et un avenir incertain. La communauté internationale doit intensifier ses efforts pour protéger cette population persécutée et poursuivre en justice les responsables des crimes atroces qui continuent de se dérouler sous leurs yeux.
La Rédaction