Du 15 au 17 octobre 2025, le Togo a franchi une étape décisive dans le processus de décentralisation avec la nomination des maires et de leurs adjoints dans les 117 communes du pays. Plus qu’un simple renouvellement d’exécutifs municipaux, cette étape reflète des dynamiques politiques, sociales et institutionnelles profondes qui dessinent l’avenir de la gouvernance locale.
Une majorité consolidée, mais un paysage politique diversifié
Le parti au pouvoir, Union pour la République (UNIR), a confirmé sa domination, obtenant la majorité des sièges de maires, consolidant sa présence dans les communes stratégiques du Grand Lomé et au-delà. Les victoires de figures comme Essohanim Gnassingbé à Golfe 3 ou Dr Komlan Mensah Kassamada à Ogou 1 illustrent la stratégie du parti de maintenir des leaders expérimentés à la tête des collectivités locales.
Cependant, ces élections ont aussi mis en lumière la pluralité politique. La reconduction de Jean-Pierre Fabre à Golfe 4 témoigne de la capacité de l’opposition à maintenir une représentation symbolique, tandis que des candidats indépendants comme Degbé Kokou à Yoto 3 réussissent à s’imposer dans certaines communes, consolidant la diversité politique au sein des conseils municipaux.
L’émergence des femmes et des jeunes
La nomination de femmes comme Akossiwa Aguzé à Agoè-Nyivé 1 et Yawa Djigbodi Tségan à Kpélé 2 montre un effort tangible pour intégrer davantage de femmes dans la gouvernance locale. De même, plusieurs jeunes leaders ont été élus, notamment en tant qu’adjoints, reflétant une volonté de renouveler le personnel politique et d’intégrer de nouvelles idées dans la gestion municipale.
Cette dynamique répond à la fois aux attentes sociétales et aux objectifs de la politique de décentralisation, qui vise à renforcer la représentativité et l’inclusion dans la gestion des communes.
Figures emblématiques et continuité dans la gestion locale
Essohanim Gnassingbé – Golfe 3
Élu à l’unanimité, il succède à Kamal Alawo Adjayi et apporte un nouveau souffle dans cette commune stratégique du Grand Lomé.
Alexis Aquereburu – Lacs 1
Réélu pour un second mandat, Alexis Aquereburu mise sur un développement participatif avec l’appui des Comités de développement à la base (CDB).
Abdul-Fahd Fofana – Agoè-Nyivé 4
Cumulant fonctions ministérielles et responsabilités municipales, il illustre l’ancrage du gouvernement dans la gestion locale.
Akossiwa Aguzé – Agoè-Nyivé 1
Représentante des femmes dans la gouvernance locale, elle apporte diversité et inclusivité dans le conseil municipal.
Dr Komlan Mensah Kassamada – Ogou 1
Médecin de formation, il obtient 13 voix sur 14 et succède à Yawa Kouigan, désormais ministre de la Communication.
Jean-Pierre Fabre – Golfe 4
Représentant de l’opposition, sa reconduction symbolise la pluralité démocratique et l’équilibre politique au sein du Grand Lomé.
Yawa Djigbodi Tségan – Kpélé 2
Ex-présidente de l’Assemblée nationale, elle consolide l’ancrage du parti majoritaire UNIR tout en promouvant les femmes et jeunes dans les instances locales.
Enjeux et perspectives
La nomination des maires constitue un moment clé pour la décentralisation, mais elle soulève aussi des défis. La réussite de ces élus dépendra de leur capacité à :
• Mettre en œuvre des politiques publiques efficaces et adaptées aux réalités locales
• Renforcer la participation citoyenne et la transparence dans la gestion municipale
• Favoriser la cohésion entre élus issus de différentes sensibilités politiques
• Stimuler le développement économique et social des communes
Ces élections traduisent un équilibre délicat entre stabilité politique et ouverture démocratique, entre continuité administrative et innovation locale. La manière dont ces nouveaux maires et leurs adjoints s’inséreront dans le tissu communal déterminera l’efficacité réelle de la décentralisation togolaise et la qualité de la gouvernance au service des citoyens.
La Rédaction

