Alors que le Togo accélère sa transition vers une économie bleue, un élan collectif se dessine dans le canton d’Agomé-Glozou. Ici, 68 propriétaires terriens ont uni leurs efforts en cédant gracieusement 37 hectares pour la construction de l’IFAD Aquaculture, un institut de formation en alternance dédié à la pisciculture. Cette initiative, officialisée le 7 mars 2025, témoigne d’une collaboration inédite entre les populations locales et les autorités, dans un pays où le développement de l’aquaculture représente une réponse stratégique aux défis de l’emploi des jeunes et de la sécurité alimentaire.
Une donation foncière, catalyseur de développement territorial
Contrairement à certains projets d’envergure souvent critiqués pour leur approche top-down, celui-ci se distingue par la mobilisation citoyenne. Les donateurs, issus de la commune rurale de Bas-Mono 1, ont volontairement libéré des parcelles, voyant dans cet institut un levier pour dynamiser leur région. “C’est un investissement pour nos enfants et pour l’avenir de l’aquaculture ici”, a souligné l’un d’eux lors de la cérémonie, reflétant une vision partagée de développement endogène.
Ce geste collectif s’inscrit dans une stratégie nationale visant à professionnaliser les filières agricoles, mais aussi à ancrer les projets dans les réalités locales. Le ministre Noupokou Dammipi a salué cet “exemple de citoyenneté active”, rappelant que l’IFAD Aquaculture s’ajoutera aux quatre instituts similaires déjà opérationnels, dont ceux spécialisés dans l’élevage, le bâtiment et les énergies renouvelables.
Aquaculture et emploi jeune : un duo gagnant
Avec un taux de chômage d’environ 10 % chez les 15-35 ans (Banque mondiale, 2023), le Togo mise sur la formation technique pour renforcer l’employabilité. L’institut formera aux techniques modernes d’élevage piscicole, un secteur en plein essor en Afrique de l’Ouest, porté par la demande croissante en protéines animales et l’épuisement des stocks marins. Le pays, qui importe encore 40 % de sa consommation de poisson, ambitionne de réduire cette dépendance via une production locale durable.
Modèle écologique et inclusion sociale
Au-delà de l’aspect économique, le projet intègre des critères de durabilité. Les formations aborderont la gestion responsable des ressources en eau et l’alimentation écoresponsable des poissons, alignant le Togo sur les objectifs de l’Agenda 2030 de l’ONU. Par ailleurs, l’accent est mis sur l’inclusion des femmes et des jeunes ruraux, souvent exclus des circuits économiques structurés.
Perspectives : un laboratoire pour l’Afrique ?
Si les travaux démarrent comme prévu fin 2025, Agomé-Glozou pourrait devenir un modèle réplicable dans d’autres régions sahéliennes, où l’aquaculture offre une alternative face aux aléas climatiques affectant l’agriculture traditionnelle. Le projet renforce également la position du Togo dans la course à l’innovation agro-industrielle en Afrique de l’Ouest, aux côtés de pays comme le Ghana ou la Côte d’Ivoire.
En misant sur l’intelligence collective et les ressources locales, le gouvernement togolais et les citoyens d’Agomé-Glozou façonnent ensemble une nouvelle dynamique économique – une initiative à suivre de près.
La Rédaction