La Cour suprême du Togo a confirmé, le 20 février 2025, le rejet du pourvoi en cassation du journal Liberté dans l’affaire l’opposant à la Première ministre Victoire Tomegah-Dogbé. Cette décision met fin à une procédure judiciaire entamée après la publication, en septembre 2022, d’un article faisant état d’un lien entre l’escorte gouvernementale et la mort d’un citoyen.
Contexte et déroulement juridique
En 2022, Liberté avait rapporté qu’un homme était décédé lors du passage du convoi de la cheffe du gouvernement, insinuant une implication présumée des forces de sécurité. À la suite d’une plainte pour diffamation, le média avait été condamné en première instance à une suspension temporaire et à une amende de 12 millions de FCFA. Bien que le journal ait rectifié l’article conformément aux directives de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC), la Cour suprême a jugé, après plusieurs recours, que les sanctions initiales étaient légales.
Réactions divergentes des parties prenantes
Me Jil-Benoît Afangbedji, représentant légal de la Première ministre, a salué la décision comme étant « conforme au droit » et a souligné l’absence de lien établi entre l’escorte officielle et l’incident. « Ce verdict confirme que la procédure a été respectée sans interférence politique », a-t-il déclaré, rendant hommage à « l’intégrité des institutions togolaises ».
Du côté du journal Liberté, Zeus Aziadouvo, son fondateur, a exprimé son désaccord avec la décision. Selon lui, la rectification de l’article, réalisée dès 2022, aurait dû clore l’affaire. « Cette poursuite judiciaire soulève des interrogations sur la proportionnalité des réponses aux erreurs médiatiques », a-t-il déclaré, tout en critiquant le changement de position de Me Afangbedji, qui est passé de défenseur du média à avocat de la Première ministre.
Enjeux sous-jacents et questions persistantes
Ce dossier a également mis en lumière l’absence d’enquête indépendante sur les circonstances du décès d’Adakanou Yaovi, tel que rapporté par Liberté. Certains observateurs soulignent que cette situation contraste avec les attentes de transparence dans les affaires impliquant des agents de l’État.
Bien que les autorités insistent sur le respect des procédures légales pour protéger la réputation des institutions, des organisations de défense de la presse appellent à un réexamen des lois sur la diffamation, jugées parfois disproportionnées. Ce cas illustre le délicat équilibre entre la protection de l’ordre public et la garantie de la liberté d’expression, un débat qui dépasse les frontières togolaises.
Perspectives
Alors que le Togo poursuit ses réformes pour moderniser son paysage juridique et médiatique, ce contentieux pourrait alimenter les réflexions sur l’encadrement des relations entre pouvoir, justice et presse. La question de l’harmonisation entre responsabilité journalistique et droit à l’information reste un chantier ouvert dans de nombreuses démocraties.
La Rédaction

