Élu à une large majorité dès le troisième tour, le Mauritanien devient le 9e président de la Banque africaine de développement.
Il aura fallu moins d’une journée pour sceller l’avenir de la Banque africaine de développement (BAD). Le scrutin, organisé à Abidjan, n’a pas traîné. Trois tours ont suffi pour désigner un homme : Sidi Ould Tah. Avec 76,18 % des voix, le Mauritanien l’a emporté haut la main face à ses concurrents, reléguant le Zambien Samuel Maimbo (20,26 %) et le Sénégalais Amadou Hott (3,55 %) loin derrière. Mahamat Abbas Tolli, représentant du Tchad, a été le premier éliminé avec seulement 0,88 % des suffrages.
Un technocrate panafricain
Peu connu du grand public, Sidi Ould Tah est pourtant une figure incontournable des cercles financiers africains. Directeur général de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA) depuis 2015, il s’est imposé ces dernières années comme un artisan discret mais stratégique du financement du développement sur le continent. Son élection consacre un parcours méthodique, forgé dans les arcanes des institutions économiques régionales.
Formé au Maroc puis en France, cet économiste aguerri a dirigé le ministère des Affaires économiques et du Développement de Mauritanie. Il connaît donc les mécanismes étatiques de l’intérieur comme les exigences de la finance multilatérale. Son profil rassure à la fois les États africains et les bailleurs internationaux.
Un vote de confiance clair
La victoire de Sidi Ould Tah s’analyse aussi comme un vote de confiance massif pour une gestion pragmatique et consensuelle de la BAD. À l’heure où l’Afrique doit relever les défis de la dette, du changement climatique et de l’industrialisation, la stabilité et la crédibilité sont devenues des qualités recherchées.
Sa large avance laisse entendre que sa candidature a su réunir aussi bien les pays francophones qu’anglophones, au-delà des clivages géopolitiques habituels. Il hérite d’une institution solide, mais sous pression, face à la montée des attentes sociales et aux turbulences macroéconomiques mondiales.
Un mandat sous haute attente
Sidi Ould Tah succède à Akinwumi Adesina, président charismatique qui aura marqué la BAD par sa communication offensive et son positionnement global. Le défi, désormais, est de maintenir le cap tout en réinventant les outils de la banque pour répondre aux besoins pressants d’un continent jeune, urbanisé, en quête d’emplois et de souveraineté économique.
L’élection du Mauritanien ouvre donc une nouvelle ère pour l’institution panafricaine, attendue sur le terrain de l’efficacité, de la transparence et de l’impact réel sur les économies africaines.
La Rédaction

