Dans le monde entier, on constate une montée en flèche du nombre de cancers du poumon chez les non-fumeurs, une réalité inquiétante qui soulève des interrogations sur l’évolution des facteurs de risque. À Taïwan, par exemple, deux tiers des patients atteints de cancer du poumon n’ont jamais touché une cigarette. Xian Mei Yang, une Taïwanaise de 58 ans, en est un exemple frappant : après s’être fracturé le bras, un examen a révélé qu’elle était atteinte d’un cancer du poumon de stade 4, avec des métastases dans les os. Le plus surprenant ? Elle n’a jamais fumé. Face à la question qui tourmente de nombreux patients : “Comment cela a-t-il pu m’arriver ?”, la réponse réside en grande partie dans l’environnement.
Une épidémie silencieuse liée à la pollution
L’une des causes principales de cette montée des cancers du poumon chez les non-fumeurs est la pollution atmosphérique. Selon l’International Association for the Study of Lung Cancer, la pollution de l’air, en particulier les particules fines (PM2,5), est désormais un des plus grands coupables. Ces petites particules, qui mesurent moins de 2,5 microns de diamètre, pénètrent profondément dans les poumons, endommageant l’ADN et créant un terrain propice au développement de cancers. Aux États-Unis, environ 83 millions de personnes vivent dans des zones où la qualité de l’air est insuffisante, un chiffre qui pourrait doubler d’ici 2054.
Des recherches récentes ont montré que ces particules fines, en plus de provoquer des mutations génétiques, déclenchent une réponse inflammatoire dans les poumons. Ce phénomène active des mutations spécifiques, comme celles de l’EGFR, ce qui entraîne une prolifération des cellules cancéreuses.
Des diagnostics trop tardifs
Bien que le taux de tabagisme ait considérablement diminué, la situation se complique avec l’augmentation de la pollution, rendant le diagnostic du cancer du poumon plus difficile et souvent plus tardif. À Taïwan, la situation est exacerbée par des niveaux de PM2,5 quatre fois plus élevés que les seuils recommandés par l’OMS. La géographie montagneuse du pays piège également la pollution, aggravant la situation.
Dans ce contexte, les médecins soulignent que la maladie est souvent découverte trop tard, car le cancer du poumon ne présente généralement aucun symptôme jusqu’à des stades avancés. Pour les non-fumeurs, cela complique encore la détection précoce, car les médecins ne pensent pas immédiatement à cette possibilité, l’associant principalement au tabagisme.
Le dépistage : une solution prometteuse
Afin de lutter contre cette épidémie silencieuse, des pays comme Taïwan ont mis en place des programmes de dépistage du cancer du poumon, en particulier pour les non-fumeurs présentant des facteurs de risque tels que des antécédents familiaux. Le programme lancé en 2015 à Taïwan a montré des résultats encourageants, permettant une détection plus précoce et un meilleur taux de survie. En seulement quelques années, le nombre de diagnostics précoces a considérablement augmenté, réduisant le taux de cancers du poumon à des stades avancés de 71 % à 34 %.
L’exemple de Taïwan
À Taïwan, ce programme a permis de sauver de nombreuses vies, avec un taux de survie à cinq ans pour le cancer du poumon qui a plus que doublé, passant de 22 % à 55 %. Ce modèle a attiré l’attention des scientifiques internationaux, qui s’en inspirent désormais pour étudier le dépistage chez les non-fumeurs dans d’autres pays, comme les États-Unis. La question reste : pourquoi ne pas étendre ces critères de dépistage à une population plus large, notamment les non-fumeurs exposés à la pollution ?
Un problème global à surveiller de près
La montée des cancers du poumon chez les non-fumeurs est une tendance préoccupante, amplifiée par des facteurs environnementaux tels que la pollution de l’air. Les efforts de dépistage, comme ceux menés à Taïwan, montrent que la détection précoce peut faire une différence significative, sauvant des vies et réduisant les coûts de traitement. Face à cette menace croissante, il est essentiel que d’autres pays suivent l’exemple de Taïwan et mettent en place des programmes de dépistage plus inclusifs, tout en abordant les causes environnementales qui contribuent à cette épidémie.
La Rédaction

